Copé, c’est Sarkozy en pire

A l'heure où j'écris ces lignes, on ne sait pas encore comment va finir le vaudeville de l'UMP. En tout cas, le « président proclamé », Jean-François Copé, a fait preuve de belles qualités politiciennes... Je ne crois pas que l'on puisse mettre François Fillon « dans le même sac ». Sur le fond, certes, leurs orientations politiques ne sont guère différentes. Mais pour le style, tout les oppose... et le style, c'est l'homme !

Pharisaïsme absolu
Copé a fait techniquement une très belle campagne, en suivant les consignes du conseiller de l'ombre Patrick Buisson, qu'il partage avec Nicolas Sarkozy. Il a été d'un pharisaïsme absolu, jurant la main sur le coeur qu'il aimait la France plus que tout, alors qu'il s'en soucie en réalité comme d'une guigne : Copé, c'est Sarkozy en pire. Il a dénoncé le racisme antifrançais, raconté une histoire de pain au chocolat confisqué pendant le ramadan. Tout cela ne pouvait que séduire les braves militants de son parti, du moins ceux qui ont des convictions droites - donc de droite - et qui, s'ils persistent à appartenir à l'UMP, sont nécessairement d'une crédulité sans limites, tant était grand, sous Sarkozy, l'écart entre les mots et les choses, entre les discours et l'action politique concrète.


Ensuite, Copé a utilisé cyniquement les moyens de l'UMP, dont il était secrétaire général, au profit d'un seul candidat : luimême. C'est ainsi qu'il s'est attribué 30.000 procurations (10.000 seulement pour Fillon), sur un total de 150.000 suffrages exprimés. S'il y a eu incontestablement des irrégularités ici ou là au profit de François Fillon, on n'est pas dans le même ordre de grandeur. Les collaborateurs de Copé ont organisé une « fraude industrielle », dont Fillon a pu se plaindre à juste titre, parlant même de «mafia ». En dépit de la remontée de Copé, celui-ci était largement battu dans la réalité des urnes. François Fillon avait des raisons légitimes de ne pas apprécier.
La houtzpah de Copé
Elu grâce à la fraude et à la complaisance des organes statutaires, Jean-François Copé a démontré qu'il avait au plus au point cette « qualité » appelée « houtzpah » en yiddisch, mot que l'on peut traduire par « impudence », « toupet » ou « culot » monstre. Il n'a cessé de proclamer avec un aplomb imperturbable qu'il était élu et bien élu, sur l'air de « J'y suis, j'y reste ».
Ces épisodes ne sont pas simplement anecdotiques. Le défaut de la démocratie représentative, c'est que les électeurs se payent de mots. Ils ont beau répéter que les politiciens sont des menteurs, ils continuent indéfiniment à gober leurs boniments. De ce point de vue, la stratégie concoctée par Patrick Buisson est diabolique. Elle a prouvé sa redoutable efficacité en 2007, quand elle a fait élire Sarkozy, puis, en 2012, quand elle lui a permis, en dépit d'un bilan calamiteux, de faire presque jeu égal avec Hollande, et encore, cette année, quand elle a propulsé Copé à la présidence de l'UMP, avec, il est vrai, l'aide de la fraude. Elle est donc redoutable pour la France, car elle est susceptible de freiner l'essor de la droite populiste, du Front national, malgré le talent de Marine Le Pen. Or, c'est seulement de là que peut venir le salut de la France, qui ne commencera à se réaliser que quand la droite populiste sera si puissante que la droite classique sera contrainte de s'allier avec elle.

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