Illusions et dangers de l’intégration

Le thème de l’intégration est le leitmotiv des débats sur l’immigration. Est-ce à dire que cette expression définit un objectif réaliste et souhaitable ?

Etats-Unis : le melting pot ne fonctionne plus

Les Etats-Unis ont longtemps servi de modèle à ceux qui vantaient les mérites de l’immigration. L’idéal américain était celui du melting pot, ce “grand creuset où toutes les races de l’Europe viennent se fondre”, selon Israël Zangwill. Les individus les plus divers étaient censés créer une “nouvelle race d’hommes”.
En pratique, l’identité américaine porte la marque des premiers immigrants anglo-saxons. Le melting pot n’a bien fonctionné que pour ceux qui en étaient les plus proches. Les noirs, quant à eux, sont restés en marge. Aujourd’hui, la société américaine est de plus en plus fragmentée en communautés ethniques ou religieuses. Ainsi, l’assimilation ne s’opère pas, en dépit de la fière devise gravée sur les pièces de monnaie des Etats-Unis : E pluribus unum, “un seul, fait de plusieurs”. Le modèle américain est en train d’éclater.

L’intégration est le contraire de l’assimilation

L’échec du modèle américain a joué sans doute un rôle dans le recul de la notion d’assimilation qui prévalait traditionnellement en France. Répondant à Jean Poperen, qui voulait l’“assimilation” des immigrés pour éviter les “ghettos”, Gérard Fuchs, autre responsable socialiste, déclarait naguère : « L’assimilation me paraît irréaliste... Je préfère me référer à ce qu’on entend par “insertion” ou “intégration” et que recouvre la notion d’“égalité des droits et des devoirs”. » L’intégration des immigrés réaliserait peu à peu dans notre pays une société multiculturelle, où diverses communautés cohabiteraient pacifiquement, sans abandonner leur identité propre.
Le succès de la formule paraît tenir à son ambiguïté. Le grand public croit qu’il s’agit encore d’assimilation : les immigrés deviendraient des Français “comme les autres”, quasiment indiscernables au sein de la communauté nationale, et tout aussi attachés que les autres à notre culture, à nos mœurs et à notre histoire. Les spécialistes - hommes politiques, hauts fonctionnaires, intellectuels... -, savent que ce n’est pas possible : l’“intégration” qu’ils prônent est le contraire de l’assimilation.

L’intégration est incompatible avec les principes de la République

Pour ces derniers, l’intégration suppose une politique active, qui implique l’Etat, les collectivités et les “acteurs sociaux”, afin que ces communautés hétérogènes puissent vivre ensemble. Mais cette politique d’intégration n’a atteint son but nulle part dans le monde, parce que les sociétés multiculturelles sont multiconflictuelles. Et si même elle réussissait chez nous, c’en serait fini de l’unité nationale : l’intégration des immigrés, ce serait la désintégration de la France.
L’intégration est une notion incompatible avec les principes de la République. Les populations immigrées qui ne se dissoudront pas dans la communauté nationale par voie d’assimilation devront regagner leur pays d’origine, pour que la France vive.

EDITORIAL par Henry de Lesquen Président de Voix des Français-Renaissance 95



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