Les loups sont moins dangereux que les mauvais bergers

Vous qui lisez La Voix des Français, vous savez à quoi vous en tenir sur la véritable nature des actes et des propositions de celui dont les media ont fait le champion de la droite : Nicolas Sarkozy. Vous savez qu’il est favorable au droit de vote des immigrés et, pis encore, à la discrimination pro-immigrés, qu’il dit “positive”. Vous savez qu’il s’est parfois montré plus à gauche que la gauche, dès qu’il s’est agi de l’immigration - domaine dont il est responsable, en tant que ministre de l’Intérieur, depuis 2002. Vous n’avez donc pas envie de voter pour lui. Comme je vous comprends ! Mais vous rencontrez souvent, comme moi, des gens bien intentionnés qui vous tiennent à peu près ce langage : « C’est vrai, Sarkozy est pour le droit de vote des immigrés, pour la discrimination “positive”, mais, lui, au moins, il n’hésite pas à se dire de droite, à parler des “racailles”, à demander que l’on nettoie les banlieues au Kärcher... »

Vous pourriez rétorquer, bien sûr, que le ministre de l’Intérieur n’a fait que parler du Kärcher, mais qu’on ne l’a pas vu beaucoup s’en servir, depuis cinq ans qu’il laisse l’anarchie s’étendre dans les banlieues de l’immigration...

Mais il y a plus grave. Cet homme de bonne volonté que vous essayez de convaincre, et qui est prêt à suivre Sarkozy, risque fort de finir par se rallier à ses positions les plus inacceptables. Le droit de vote des immigrés ? « Oui, mais c’est seulement pour les élections municipales. Et puis, cela favorisera leur intégration. » La discrimination “positive” ? « En favorisant les immigrés, on les amènera peut-être à aimer la France. » Voilà le genre de sophismes par lesquels on cherche à se rassurer. Notre homme était au départ totalement hostile au droit de vote des immigrés, à la discrimination “positive”. C’étaient, à ses yeux, des idées de gauche.

Cependant, il préférera souvent changer d’avis sur ces questions, pour ne pas se déjuger, en renonçant à soutenir Sarkozy, quand il découvrira que ces idées qu’il combattait sont aussi celles du candidat qu’il a choisi. Les psychologues connaissent bien ce phénomène, qu’ils appellent la “résolution des dissonances cognitives”. Ils ont observé qu’en général, lorsque les convictions d’un individu entraient en conflit avec ses engagements (c’est la “dissonance cognitive”), celui-ci choisissait paradoxalement d’abandonner ses convictions plutôt que de revenir sur ses engagements.

C’est donc justement parce que Sarkozy se dit de droite et qu’il fait croire à beaucoup qu’il l’est réellement qu’il est dangereux pour la France. Les “loups” qui sont à gauche sont effrayants, j’en conviens. Mais ce qu’il faut redouter par dessus tout, c’est qu’un mauvais berger conduise le “peuple de droite” dans les abîmes du politiquement correct, de la discrimination “positive” et du communautarisme, parce qu’alors plus rien ne pourrait empêcher la destruction de la France. Il y aura heureusement, à droite, bien d’autres candidats que Nicolas Sarkozy, parmi lesquels les électeurs pourront faire leur choix, à l’heure de l’élection présidentielle.

EDITORIAL par Henry de Lesquen Président de Voix des Français-Renaissance 95

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