Le retour de la Turquie

Sarkozy à la manoeuvre      

Les Français ont clairement manifesté qu’ils ne voulaient pas de la Turquie dans l’Europe. D’abord, lors du référendum du 29 mai 2005 sur la Constitution européenne, puisque la question turque a été un facteur décisif de la victoire du “non”. Ensuite, le 6 mai 2007, en élisant Nicolas Sarkozy, car le nouveau président de la République avait affirmé avec force qu’il était hostile à la candidature de la Turquie. Il ne faut pas oublier qu’un traité d’adhésion doit être ratifié par tous les Etats membres. La France a donc un droit de veto. Elle peut empêcher la Turquie d’entrer dans l’Europe. Il suffirait qu’elle affirme sa volonté pour que l’Union européenne mette un terme aux négociations d’adhésion. M. Sarkozy n’avait cessé de dire, la main sur le coeur, pendant la campagne électorale, “Je ferai ce que je dis, je dis ce que je ferai”... Première surprise : il nomme six ministres socialistes, dont Bernard Kouchner aux affaires étrangères et Jean-Pierre Jouyet aux affaires européennes. L’un comme l’autre sont pour l’entrée de la Turquie. Deuxième surprise : Sarkozy accepte le 26 juin la poursuite des négociations d’adhésion sur de nouveaux chapitres. Pour faire croire aux naïfs qu’il ne s’est pas renié, il demande quand même le report de la négociation sur l’union monétaire... Enfin, mais, ce n’est plus une surprise, car on a compris la manoeuvre, le président français annonce carrément le 27 août que Paris ne bloquera pas la poursuite des négociations d’adhésion. “Bruxelles salue l’inflexion de M. Sarkozy sur la Turquie”, titre Le Monde. Le pire restait cependant à venir. Le ministre Jouyet déclare le 11 septembre qu’il faut supprimer l’article 88-5 de la Constitution qui soumet l’adhésion de la Turquie à référendum. On se souvient que ce verrou avait été introduit par M. Chirac, pour tenter de faire passer le “oui” au référendum de 2005.

Le programme caché de Nicolas Sarkozy
Ces péripéties n’ont qu’une interprétation plausible. En vérité, M. Sarkozy n’a jamais été hostile à l’entrée de la Turquie. Pourquoi l’aurait-il été, lui qui s’est toujours vanté d’être proche tant des Etats-Unis d’Amérique que de l’Etat d’Israël, lesquels veulent imposer la Turquie à l’Europe ? S’il a pris la position que l’on sait, c’est uniquement pour des raisons électoralistes. Sarkozy avait un “programme caché”, comme les islamistes turcs. Il est en train de le réaliser. Si les Français ne réagissent pas, M. Sarkozy commencera par supprimer le verrou du référendum. Puis, dans quelques années, quand la Turquie sera prête, il expliquera solennellement : “Vous connaissez mes convictions : je ne suis pas favorable à l’adhésion de la Turquie. Mais il serait irresponsable d’aller contre la volonté de nos partenaires européens. Dans l’intérêt supérieur de la nation, je ne veux pas que la France soit isolée en Europe.” Et le Parlement français, aux ordres, adoptera le traité d’adhésion. Sarkozy peut-il réussir à berner indéfiniment des Français trop crédules ? Espérons que Lincoln avait raison de dire : “On ne peut pas mentir à tout le monde tout le temps."


EDITORIAL par Henry de Lesquen Président de Voix des Français-Renaissance 95

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