ESPAGNE : LA CRISE PEUT AVOIR DU BON !

 

En Espagne, les immigrés rentrent chez eux... volontairement ! Le chômage
en hausse permanente et l’effondrement du pays ont au moins un aspect
positif : les étrangers, qui n’étaient visiblement pas venus par amour de
Cervantes et de la civilisation hispanique, plient bagages et retrouvent leur pays
d'origine.
Pour la première fois depuis les années 1970, l'Espagne perd des habitants. Cette
baisse est notamment due à cinq ans de récession et à une hausse spectaculaire
du chômage. Selon les données de l'Institut national de la statistique espagnol, la
population résidant en Espagne était de 47,1 millions de personnes en 2012. Soit
260.000 de personnes de moins que l'année précédente. A l’exception de
quelques Espagnols choisissant de s’expatrier, il s’agit, en grande majorité,
d’immigrés ayant décidé de quitter le pays.


Dans la première décennie des années 2000, l'Espagne possédait l'un des plus
forts taux d'immigration au monde. Le nombre d’immigrés, attirés par le
développement du secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) et un
système social laxiste, est ainsi passé de 3 millions en 2004 à 5,5 millions en
2013 ! Parmi eux, une quantité non négligeable d’immigrés illégaux : « Beaucoup
étaient venus pour fuir la crise dans leur pays. C'est la même raison qui les pousse à
repartir », explique Pompey Aparicio, démographe à l'université de Grenade.
Cette baisse est particulièrement notable chez « les populations originaires de pays
extérieurs à l’Union européenne ». Apparemment, l’explosion du chômage, à plus
de 26 %, et la hausse des prix de l’immobilier poussent les étrangers à fuir le
pays. À la conjoncture économique s’ajoutent les mesures d’austérité – gel des
salaires, suppressions de nombreuses aides sociales et hausse des taxes – qui
rendent le pays beaucoup moins « attractif ». D’autant que, d’après les experts,
« l’économie parallèle et la solidarité familiale ne suffisent plus » à faire vivre ces
familles.
Beaucoup partent donc d'Espagne et rentrent dans leur pays d'origine. D'autres
partent pour les pays où il y a encore du travail ou un système social en état de
marche. Le phénomène pourrait s’accélérer, car la situation en Espagne ne laisse
présager aucune amélioration. Selon la Banque d'Espagne, l'économie devrait
encore reculer de 1,5 % en 2013. Le chômage va également continuer à
progresser. Il atteint aujourd’hui 25 % et dépasse les 50 % chez les jeunes de
moins de vingt-cinq ans.
Une autre raison peut également expliquer ce « départ volontaire » des
étrangers. Le gouvernement espagnol a réservé un budget de 6,9 millions
d'euros à distribuer aux immigrés pour les inciter à quitter le pays. Financée à
75 % par la caisse de l'Union européenne, donc également par nos impôts,
l'opération est programmée jusqu'en juin 2014. Le programme fait grincer des
dents nombre d’Espagnols, qui jugent anormal qu’un pécule soit réservé aux
immigrés, qui s'engagent simplement à ne plus revenir en Espagne durant... les
trois années qui suivront leur départ.
Une chose est certaine, cette inversion des flux migratoires démontre que les
étrangers viennent par intérêt dans nos pays, dans le cadre de ce que l’essayiste
Jean-Paul Gourévitch appelle « l’immigration à la carte ». L’exemple espagnol
prouve aussi que, pour lutter efficacement contre l’immigration, il suffirait de
couper les pompes aspirantes que sont les aides sociales. Privés de perfusion
économique, beaucoup d’immigrés partiraient d’eux-mêmes.
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