L'Allemagne contre l'immigration

L'Allemagne contre l'immigration

Le débat sur l’immigration est beaucoup plus libre en Allemagne qu’en France. Ainsi, après les déclarations de l’ancien ministre socialiste du Land de Berlin Thilo Sarrazin (voir VDF 126), puis les propos du chancelier Angela Merkel (voir ci-contre), c’est maintenant au pays réel de s’exprimer. Selon une étude présentée le 13 octobre, l'islam paraît de plus en plus rejeté par les Allemands, « chez qui les idées racistes gagnent du terrain ».
Plus de la moitié des Allemands (58,4 %) estiment qu'il faut considérablement restreindre la pratique du culte musulman en Allemagne, d'après cette étude intitulée « Crise dans l'Allemagne moyenne », publiée par la Fondation Friedrich-Ebert, proche du Parti social-démocrate (SPD, opposition).

 
55,4 % des personnes interrogées disent en outre comprendre que, « pour certaines personnes, les Arabes soient désagréables ». Plus généralement, 34,3 % pensent que les étrangers ne viennent en Allemagne que pour profiter des prestations sociales.
« En 2010, on assiste à une augmentation sensible des prises de position antidémocratiques et racistes », a souligné l'un des auteurs de l'étude, Oliver Decker, à l'occasion d'une conférence à Berlin. La raison principale tient dans la crise économique et financière de 2008, assurent les rédacteurs de cette étude réalisée auprès de quelque 2.400 personnes âgées de 14 à 90 ans en avril 2010.

 
Les Allemands sont d'ailleurs 31,7 % à affirmer qu'en cas de situation tendue sur le marché de l'emploi, on devrait renvoyer les étrangers chez eux.

LE DÉBAT TOURNE À LA POLÉMIQUE

Toutefois, l’hostilité des Allemands pour les étrangers progresse tous azimuts : « Depuis plusieurs années, les Arabes étaient considérés comme un danger. Aujourd'hui ce sont les Turcs » (ils sont 2,5 millions en Allemagne). Le rejet de l’islam et des étrangers inassimilables est loin de ne concerner que les citoyens les plus patriotes et les plus sensibles à la préservation de leur identité. Selon Nora Langenbacher, de la Fondation Friedrich-Ebert : « L'extrémisme de droite (sic) n'est pas un phénomène en marge de la société (…). Bien au contraire, il est préoccupant de constater des prises de position d'extrême droite dans les couches médianes de la société : à l'est et à l'ouest, dans toutes les tranches d'âge (...), chez les femmes et les hommes ».
Le débat sur « l'intégration » des quelque quatre millions de musulmans – dont 45 % ont la nationalité allemande – a tourné à la polémique depuis la publication, fin août, du livre de Thilo Sarrazin.
Vilipendé par les responsables politiques – à commencer par la chancelière Angela Merkel –, Thilo Sarrazin a reçu le soutien d'une majorité d'Allemands. Sur une population totale de 82 millions d'habitants, environ 16 millions sont des immigrés ou d'origine étrangère.
A l'inverse, le président fédéral Christian Wulff, membre de l'Union démocratechrétienne (CDU), a été durement critiqué pour avoir affirmé, début octobre, que l'islam faisait désormais partie de la culture allemande.

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