LA JEUNESSE RUSSE CONTRE L’IMMIGRATION !

LA JEUNESSE RUSSE CONTRE L’IMMIGRATION !

Par Patrick Cousteau
Journaliste à Minute et à Monde et Vie

En France, le moindre acte patriotique est qualifié de « raciste »,
«xénophobe », « extrémiste »... En Russie, les jeunes du parti présidentiel Russie Unie (dirigé par le Premier ministre Vladimir Poutine) luttent contre l’immigration. Avec le soutien des médias !


En France, un jeune membre du groupe Les Identitaires, Philippe Vardon, a été condamné, fin septembre 2008, à 50.000 euros d’amende pour avoir distribué un tract intitulé « Ni voilée, ni violée », s’inspirant de la logique de l’association Ni putes, ni soumises. Il a été sali par les médias et les associations d’extrême gauche, qui le traitent d’extrémiste ! Et la justice française, en lui infligeant une telle sanction, a visiblement voulu en faire un exemple pour décourager les patriotes. Autres lieux, autres mœurs… En Russie, au même moment, des groupes de jeunes patriotes lançaient une grande campagne anti-immigration. Et, au vu, des actions publiques qu’ils multiplient mois après mois, Philippe Vardon, que les gauchistes qualifient d’islamophobe, passerait là-bas pour un enfant de chœur ! Ou plutôt, il serait le représentant le plus modéré de l’aile gauche de la Jeune Garde1, le mouvement de jeunesse du parti Russie unie, du Premier ministre Vladimir Poutine !

PHEn Russie, les Jeunes gardes peuvent manifester tranquillement
contre l’immigration. Ils entretiennent des relations courtoises avec les médias. Ci-dessus, les jeunes gens brandissent facétieusement un billet de train géant “Aller simple
Moscou-Maison”.

A Moscou, le 8 décembre dernier, des membres de cette organisation, coiffés de casquettes rouge et blanc, se sont rassemblés sous la pluie, devant le bureau du service d'immigration, pour réclamer le renvoi des travailleurs immigrés, responsables, selon eux, des difficultés économiques du pays. D’autres manifestations ont été organisées, le même jour, dans toute la fédération. Là où les « Jeunes Pop », mouvement de jeunesse de l’UMP, réclament la discrimination prétendue positive, les Jeunes gardes, eux, se battent « pour le peuple russe », « contre les immigrés » ! « Un immigré sur deux doit rentrer chez lui », scandent les jeunes gens – moyenne d’âge : 18 ans. En Russie, la plupart des immigrés viennent d'anciennes Républiques soviétiques d'Asie centrale et du Caucase et ils occupent des emplois à bas salaire dans le bâtiment et les services. Beaucoup travaillent sans permis. Ils sont également souvent liés au crime organisé, si l’on en croit Rachid Nourgaliev, le ministre russe de l’Intérieur.
La première grande manifestation de la Jeune Garde a eu lieu le 1er novembre 2008. Le mouvement avait lancé une action simultanée dans trois grandes villes (Moscou, Tchilabinsk et Novossibirsk) pour exiger la révision à la baisse des quotas del’immigration de travail en Russie ;l’expulsion des immigrés illégaux ; et l’ouverture de bourses de travail pour venir en aide aux Russes ayant perdu leur emploi à cause de la crise.Les jeunes de Russie Unie ont manifesté devant les bâtiments du Service fédéral d’immigration (SFI) – une sorte de ministère de l’Immigration – et les sièges des principales compagnies de BTP au cri de « Notre argent pour les nôtres ». Andreï Tatarinov, directeur adjoint du comité central et
responsable de la ligne idéologique de la Jeune Garde
déclare : « Le SFI prévoit de doubler les visas de travail en 2009. Nous l’appelons au contraire à réduire ce quota au minimum, voire à suspendre la délivrance de visas de travail pour une durée d’un an. Au vu de la crise mondiale, nous considérons que les grandes entreprises de BTP doivent avant tout offrir des emplois aux citoyens russes et leur payer un salaire digne. » Concernant l’immigration illégale, son discours est ferme, mais nuancé : « Nos propositions vont dans le sens des intérêts des citoyens russes. Mais nous nous soucions aussi des immigrés, au-delà de ceux qui, vivant dans des cités ouvrières et traînant dans les rues sans travail, représentent un groupe à risques. Lorsque des ouvriers illégaux sont éhontément exploités par les grosses entreprises, ce n’est plus du business, mais de l’esclavage. A cause de l’absence de législation, ces clandestins n’ont pas la possibilité de travailler légalement. Ce qui les place dans une grande précarité par rapport aux exploiteurs et les pousse vers la criminalité. C’est pourquoi nous demandons au SFI d’être particulièrement vigilant. »
A Moscou, les membres de la Jeune Garde ont défilé avec des banderoles affichant « Notre argent aux nôtres » et « De l’ordre sur les chantiers ». Déguisés et maquillés, ils ont mis les rieurs de leur côté en parodiant les immigrés illégaux et en brandissant d’immenses billets de train « aller simple Moscou-Maison ». Ils avaient aussi apporté des cabas « pour aider les clandestins à plier bagages ». Selon Maxim Roudnev, un responsable moscovite du mouvement, « les valises des immigrés quittent la Russie pleines d’argent gagné sur notre dos. Nous leur proposons de les remplir avec leurs effets personnels et de rentrer chez eux. En cette période de crise, il est hors de question de laisser des étrangers sortir de l’argent gagné en Russie pour aller enrichir d’autres économies. » Seul problème : devant une grande compagnie de BTP, les patriotes en culotte courte ont été confrontés à un service d’ordre privé assez peu porté sur la plaisanterie. Face à d’anciens spetsnaz – les troupes d’élites russes –, les Jeunes gardes se sont fait frotter les côtes tout en prenant conscience que, comme disait Pierre Desproges, on peut rire de tout, « mais pas avec n’importe qui » !
Il n’empêche : comme les Jeunes Pop en France, la Jeune Garde a lancé ses grands débats, avec le soutien des médias. Mais là où Benjamin Lancar souhaite des lois « révolutionnaires » en faveur des immigrés, Tatarinov souhaite déposer un projet de loi à la Douma pour lutter contre l’immigration clandestine et créer des patrouilles mixtes avec le SFI, pour
« repérer et livrer les immigrés illégaux » à la justice.
Parallèlement à la Jeune Garde, des organisations comme le Mouvement contre l’immigration illégale (MCII) ont déjà créé des « groupes d’autodéfense populaire ». Leur but : « rassembler les citoyens de souche pour une opposition organisée aux actions agressives des migrants criminels ». De manière paramilitaire. Equipés de « bases sportives », les
membres du MCII s’entraînent au tir, pratiquent les sports de combat et doivent s’équiper d’armes de chasse ou pneumatiques. Ce mouvement paramilitaire, qui ferait aisément passer les supporteurs du PSG pour une troupe de scouts de France, est soigneusement tenu à distance par la
Jeune Garde.
Ce n’est pas le cas d’un autre mouvement de jeunes « Pro-Kremlin », les
« Locaux » (40.000 membres). Cette organisation a mené des actions communes avec le SFI. En septembre, se faisant passer pour des employeurs du BTP, ils sont allés recruter 80 immigrés illégaux dans un quartier mal famé de Moscou. Les candidats, montés dans des camionnettes censées les amener sur un chantier, ont atterris au poste de police, où un cordon de Locaux les a accueilli par des huées et des banderoles portant « Il est temps de partir pour le Sud ». Le SFI s’est publiquement réjoui de cette opération de lutte contre l’immigration clandestine – « réalisable avec des mouvements décents » –, même s’il
estime que, démographie oblige, il faudra bien faire venir des immigrés légaux. Le MCII, un peu vexé d’être tenu à l’écart de cette opération
« publicitaire » a fait savoir qu’en dépit de son image « peu recommandable », il travaillait régulièrement, quoique non officiellement, avec le SFI ! Dernière facétie des Locaux : sur un marché, ils viennent de
lancer un jeu à la manière des trafiquants à la sauvette. Au lieu des trois gobelets sous lesquels il faut trouver un petit objet, ils manipulent trois sacs contenant chacun un enfant, dont l’un passé au cirage. Cela s’appelle « Trouvez l’immigré » ! Une manière comme une autre de dédramatiser les problèmes liés à l’immigration…
Une chose est sûre : Vladimir Poutine, qui a entendu l’appel des jeunes citoyens inquiets et patriotes, a déclaré, à la télévision, qu'il réduirait de moitié les quotas de travailleurs étrangers. Mais il a aussi dit que la plupart des Russes refusaient les travaux que font les immigrés et mis en garde contre le racisme, réclamant un « durcissement des sanctions contre les crimes racistes ». En tout cas, même si Vladimir
Poutine ne suit pas son mouvement de jeunesse à 100%, le débat est possible et les décisions prises vont dans la bonne voie… On n’en attendait pas moins d’un homme qui, lorsqu’il était président, avait déclaré qu’il voulait « nettoyer les marchés russes » (pas forcément au Kärcher), lieux « les plus ethniquement pollués de la capitale »… Il avait ensuite mis
en place un arsenal de lois et de moyens pour y remédier avec un succès relatif. Mais la volonté de rupture avait été suivie d’effets et répondait aux attentes de la population. Pour 2009, la Jeune Garde annonce de nouvelles
manifestations.
1. Depuis l’élection de Dmitri Medvedev, cette organisation a remplacé
le groupe des jeunesses présidentielles « Nachis » (Les Nôtres), mis
en sommeil à cause de son image trop « violente et xénophobe », qui
entachait l’image du Kremlin : ses membres avaient persécuté ou
frappé des ambassadeurs jugés « russophobes », déclenchant des
incidents diplomatiques avec l’Estonie et le Royaume-Uni.

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