ISLAM ET IMMIGRATION : VERS L’UNION EURO-MUSULMANE ?

ISLAM ET IMMIGRATION : VERS L’UNION EURO-MUSULMANE ?

Par Thierry Normand,
Journaliste à Minute et au Choc du mois.

“Les racines de l’Europe sont autant chrétiennes que musulmanes”, avait déclaré Jacques Chirac. Ces quelques mots, mis sur le compte de la démagogie de l’ancien président, pourtant, correspondent de plus en plus à la vision des institutions européennes. La preuve par une brochure récemment publiée par l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne. On y cherche les différentes manières de favoriser l’implantation de l’islam sur le Vieux Continent !

Ce sont des hommes en noir. De petits gris anonymes qui, en quelques années, se sont discrètement installés dans toute l’Europe, pour repenser notre univers et le plier à la volonté de leurs maîtres. Leur mission : “faciliter le dialogue politique et l’échange des bonnes pratiques en matière de lutte contre le racisme et la discrimination, et de gestion des problèmes spécifiques à la situation des communautés musulmanes.”
Le Local Communities Network (LCN), ou Réseau des communautés locales, réunit en son sein les fonctionnaires de l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne (U.E.), le Comité des régions et des chargés de mission des villes d’Aarhus, d’Anvers, de Bradford, de Genk, de Mannheim, de Nantes, de Sheffield, de Rotterdam et de Turin. Ses hommes ont rendu cette année un rapport officiel particulièrement instructif intitulé “La cohésion communautaire au niveau local : répondre aux besoins des communautés musulmanes, exemples d’initiatives locales.”
Le glissement sémantique de ce rapport mérite d’être souligné. Il y a maintenant de nombreuses années que les institutions européennes, à la suite des différents Etats, nous ont habitués à des discours et à des mesures visant la défense des immigrés. Tous. Sans exception. Sans distinction. Mais là, il n’est plus question d’aider à l’intégration des étrangers au sens large. Il s’agit de faire la promotion d’une religion et d’une seule : l’islam. Portée sur les fonds baptismaux par une triade de la démocratie chrétienne, Adenauer, Gaspéri et Schumann, l’U.E. apparaît désormais comme le cheval de Troie de la religion musulmane. La fascination que celle-ci exerce sur les institutions européennes laisse pantois. En tout cas, ceux qui, de bonne foi, sont persuadés que l’Europe, comme les collectivités locales, communes ou régions, sont plus à même de lutter que l’Etat national contre la pénétration islamique et la perte des identités nationales ou locales, devront déchanter. L’Union européenne et les entités locales marchent ensemble, main dans la main, pour atteindre le même but : l’installation durable de l’islam sur l’ensemble du Vieux Continent. L’objet du rapport est de montrer que certaines communes et régions adoptent des stratégies politiques d’intégration spécifiquement axées sur les communautés musulmanes : “En Europe, un certain nombre de collectivités locales reconnaissent d’ores et déjà que la prise en considération, dans les politiques locales, des besoins des personnes issues des milieux musulmans renforce la capacité de la municipalité ou de la région à créer des communautés homogènes et favorables à l’insertion.”
Sans l’islam, la vie de ces collectivités locales paraît sans odeur et sans saveur. Véritablement terne. Sans vie : “S’engager à renforcer la cohésion sociale, tout en favorisant la diversité et en luttant contre la discrimination dont sont victimes les musulmans à divers égards, apparaît comme une tâche essentielle pour améliorer le bien-être social et économique des villes et régions.”

Prendre en compte les besoins des musulmans
Le LCN nous renseigne sans détour sur les priorités de l’Union européenne. Quelles sont-elles ? La lutte contre le chômage ? Les difficultés soulevées par la vie chère ? La question de la compétitivité des entreprises européennes face à la concurrence de leurs homologues chinoises ? Pas du tout : “Depuis un certain temps déjà, la cohésion sociale et la lutte contre le racisme et l’islamophobie sont devenues des préoccupations prioritaires pour l’Union européenne, dans la mesure où elles peuvent améliorer l’intégration des immigrés.” Les textes européens le démontrent. L’article 13 du traité d’Amsterdam a introduit une nouvelle base juridique permettant de prendre des mesures “en vue de combattre toute discrimination fondée sur le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion…” L’adoption d’une directive 2000/43/CE relative à l’égalité raciale a clairement placé la discrimination fondée sur la race ou l’origine ethnique “parmi les préoccupations majeures de l’Union européenne.” Le rapport met ainsi en lumière que “la situation des communautés musulmanes constitue une question fondamentale, non parce que les musulmans requièrent une attention particulière ou des politiques spécifiques, mais plutôt parce que leurs besoins doivent être pris en compte dans le cadre plus large des politiques d’intégration, d’égalité, de non-discrimination et de cohésion communautaire”.
L’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne est convaincue que l’inclusion généralisée des communautés musulmanes dans tous les domaines de la vie se traduira par des améliorations notables, telle qu’une meilleure cohésion au sein des quartiers et des villes, et un plus haut niveau de participation à la société. C’est une évidence ! Lorsque les villes représentées au sein du Réseau seront majoritairement musulmanes, qu’elles auront un maire musulman et qu’elles appliqueront la loi musulmane, elles connaîtront une meilleure cohésion ! L’intégration de l’islam au sein de l’Europe a pu être menacée par des évènements dramatiques. Les attentats du 11 septembre 2001 ; les attentats à la bombe de Madrid ; le meurtre, par un musulman, du cinéaste néerlandais Théo Van Gogh ; l’hystérie des musulmans à la suite des caricatures de Mahomet ou des propos de Benoît XVI à l’université de Ratisbonne… Pourquoi ? Parce que ces événements auraient montré que les Européens devraient nourrir une certaine méfiance visà- vis de l’islam ? Pas du tout. Les victimes de la violence musulmane ne sont ni les morts de New-York, ni ceux de Madrid, ni ce pauvre Théo Van Gogh assassiné en 2004 par un fanatique, mais, vous l’aurez deviné, les musulmans eux-mêmes. A la suite du sang répandu, “les musulmans vivant dans l’Union européenne ont été de plus en plus victimes de préjugés anti-musulmans et de manifestations de discrimination et de diffamation.” Sales racistes, va !

Un badge, un bureau, une burqa !
L’islam étant une des préoccupations prioritaires de l’Union européenne, les idées visant sa promotion ne manquent pas. C’est ainsi que les collectivités locales pourraient envisager de célébrer toutes les fêtes religieuses, sous forme de cérémonies publiques organisées par la ville, et de soutenir les projets ayant pour but de renforcer le dialogue interconfessionnel ; elles devraient promouvoir l’idée d’un suivi et d’une collecte de données sur la criminalité raciste. Les administrations scolaires, quant à elles, devraient élaborer un plan d’action pour nouer le dialogue avec les parents issus des communautés musulmanes. Tous ces voeux sont d’ores et déjà mis en oeuvre par certaines collectivités locales du réseau. C’est ainsi qu’à Genk, l’administration communale forme des guides de la ville et cherche des jeunes issus des communautés musulmanes pour conduire des groupes touristiques lors de visites mettant en évidence le caractère multiethnique de la ville ; cette même commune sensibilise les communautés turque et marocaine à l’importance de l’éducation, en tant que tremplin vers davantage d’emploi. La ville de Bradford, quant à elle, emploie des personnes issues des milieux musulmans dans le cadre des services publics, afin de refléter la répartition ethnique de sa population. 14% de ses employés sont d’origine étrangère. Son conseil municipal a autorise le port de vêtements religieux. Il reconnaît qu’il “est important de respecter les pratiques religieuses et, partant, de permettre des adaptations raisonnables lors de la fabrication des uniformes.” Ainsi, dans certaines entreprises, “les employés de confession musulmane qui désirent observer le port du hijab reçoivent un foulard réalisé dans la même matière que l’uniforme de la société et sur lequel le logo de la société est brodé à un endroit adéquat et visible”.
Toujours à Bradford, le nombre d’établissements d’enseignement islamique dispensant un enseignement complémentaire a considérablement augmenté, afin de pallier les mauvais résultats scolaires des jeunes d’origine pakistanaise et bangladaise. Si Bradford se montre très en pointe dans le combat en faveur de la promotion de l’islam, c’est sans doute parce que “24 % des conseillers élus sont issus de communautés musulmanes, et ce chiffre est appelé à croître au cours des prochaines années dans les prochaines années, dans la mesure où la participation au processus électoral est devenue très attractive.” Pas étonnant, dans ces conditions, que le conseil municipal ait adopté des lignes directrices spécifiques pour répondre à des besoins déterminés, “tels que les demandes de congés pour effectuer le pèlerinage de la Mecque (Hadj) ou pour les fêtes religieuses de l’Eid et du Ramadan”. Dans la ville de Mannheim, deux écoles primaires dispensent des cours d’éducation religieuse sunnite. Depuis l’année académique 2006/2007, des cours d’éducation musulmane sont proposés dans douze écoles primaires du Land de Bade-Wurtemberg. Les professeurs sunnites chargés de ces cours ont reçu, au préalable, une formation de six mois pour acquérir les compétences requises. Ce n’est sans doute pas un hasard. Depuis 1995, Mannheim compte sur son territoire la plus grande mosquée d’Allemagne. Le rapport précise : “La mosquée, qui est construite à proximité d’une Eglise catholique, symbolise les changements démographiques que Mannheim a connus au cours de ces dernières décennies et confirme que l’islam est devenu un élément permanent de la culture religieuse de l’Allemagne et de l’Europe.” Le sport n’est pas en reste. En 2006, l’association des centres culturels islamiques de Mannheim a participé pour la première fois à un championnat de football pour les jeunes...
A Rotterdam, le conseil municipal a apporté son soutien à des cours d’introduction pour les imams qui arrivent de l’étranger pour servir les communautés musulmanes. Il a également soutenu le programme fédérateur des organisations islamiques de la région Rijnmod. Actuellement, près de quarante-deux organisations, regroupant des Marocains, des Turcs, des Surinamais et des Pakistanais, sont membres de ce programme. Celleci dispense des cours de religion dans trente écoles publiques. Dans le domaine de l’éducation, elle organise des cours pour les imams “pour rendre leur action plus efficace au sein de la société”. Elle a pour cela bénéficié de financements de la part du ministère des affaires sociales. La municipalité d’Aarhus entend, quant à elle, lancer une campagne de sensibilisation consacrée aux femmes portant le voile. L’objectif visé est, entre autres, “de combattre les préjugés à leur égard et d’attirer les femmes jouissant d’une bonne éducation qui souhaiteraient travailler, mais qui se heurtent à des difficultés pour obtenir un travail répondant à leurs qualifications, du fait des obstacles auxquels elles sont confrontées parce qu’elles portent le foulard”. N’en jetez plus, la coupe est pleine. Pourtant, il y a bien une absente dans ce flot d’islamofolie. Il s’agit de la ville de Nantes, pourtant citée comme faisant partie du réseau. Que fait donc le maire socialiste Jean-Marc Ayraut ?

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