ADHÉSION DE LA TURQUIE : « SARKOZY A MENTI ! »

ADHÉSION DE LA TURQUIE : « SARKOZY A MENTI ! »

Entretien avec
Marine Le Pen
Présidente du groupe FN au Conseil Régional d’Ile-de-France.
Député Français au Parlement Européen.

Propos recueillis par Frédéric Petit.

Marine Le Pen a courageusement dénoncé la trahison du président de la République, Nicolas Sarkozy, qui s’était engagé à maintenir la Turquie hors de l’Union européenne, avant de se déclarer « ouvert à la discussion », puis d’envisager une sournoise modification constitutionnelle visant, à terme, à priver le peuple français de son droit de s’exprimer sur une adhésion turque désormais programmée ! Avec elle, nous revenons sur ce scandale. Elle nous présente également sa riposte et ses solutions.

La Voix des Français : Nicolas Sarkozy a approuvé la suppression de l’article 88-5 de la Constitution obligeant de soumettre à référendum tout futur élargissement de l’Union européenne (U.E.). Quelles en seront les conséquences ?

Marine Le Pen : La conséquence est simple : une fois de plus le peuple français n'aura pas son mot à dire, seule l'assemblée sera consultée, sachant que celle-ci n'est en aucun cas représentative des électeurs. Pour s'en convaincre, il faut se souvenir que les députés étaient à 97 % favorables à la Constitution européenne, alors même qu'une grosse majorité des Français y étaient hostiles. J'y vois de la part de Nicolas Sarkozy une véritable trahison, puisqu'il avait déclaré le 19 décembre 2004 : « Nous devons être reconnaissants à Jacques Chirac d'avoir proposé dans la réforme constitutionnelle que le référendum soit la règle pour décider si oui ou non la Turquie sera intégrée ou associée. Le Président de la République a fait un choix républicain et démocratique (sic) ! »

VdF : Nicolas Sarkozy disait, durant sa campagne, que la Turquie est « un pays asiatique » qui n’avait pas vocation à intégrer l’U.E. Cela ne vous rassure-t-il pas ?
M.LP : C'était le 14 janvier 2007 au congrès de l'UMP, il avait même rajouté : « A s'élargir sans limite, on prend le risque de détruire l'union politique européenne, je ne l'accepterai pas ». Il a réitéré cette position il y a quelques jours devant plusieurs millions de Français. Hélas « les faits sont têtus » et, en l'espèce, dévastateurs : en juin 2007 les représentants du gouvernement français auprès de l'Union européenne ont voté en faveur de la poursuite du processus d'adhésion de la Turquie et, le 28 août 2007, devant la conférence des ambassadeurs, Nicolas Sarkozy a admis officiellement et publiquement le principe de l'adhésion de la Turquie. Alors, non, les déclarations du Président de la République ne me rassurent pas ! Il s'était exclamé : « Je ne vous mentirai pas, je ne vous trahirai pas, je ne vous décevrai pas ! », je vous laisse juge…

VdF : Comment expliquez-vous le revirement du chef de l’Etat ?
M.LP : Il n’est un secret pour personne que l’adhésion de la Turquie en Europe est une des grandes revendications des Etats-Unis. Ce qui peut d’ailleurs apparaître contradictoire avec leur lutte contre l’islamisme, puisque je rappelle qu’une Turquie dans l’Union européenne reviendrait à lui donner des frontières communes avec l’Irak et l’Iran. Ce « revirement » est donc manifestement à rapprocher d’autres signes flagrants d’un alignement sur la position américaine (conflit envisagé avec l’Iran, renforcement de la présence française en Afghanistan, etc.) Toutes ces prises de positions coïncident avec sa visite cet été chez Monsieur Bush.
En résumé : Turquie- Afghanistan- Iran apparaissent comme le triangle de la soumission aux Américains.

VdF : Que comptez-vous faire, avec le Front national, au niveau national et européen ?
M.LP : Au niveau européen, nous nous battons quotidiennement sur ce sujet, comme sur tant d'autres d'ailleurs, en votant contre toutes les résolutions envisageant ou soutenant ce processus d'adhésion. Quant au niveau français, j'ai lancé une vaste campagne d'affiche : « Turquie : Sarkozy a menti ! » [N.D.L.R. : fichier à télécharger ici], ainsi qu'une pétition nationale distribuée sur le terrain par nos militants et que tout un chacun peut signer sur notre site : www.frontnational.com. Les réactions sont nombreuses et je m'en félicite. Il faut - ce que Jean- Marie Le Pen n'a pas hésité à faire devant le Président de la République, lorsque ce dernier l'a reçu - exiger le respect de la Constitution et du référendum qu'elle envisage pour tout nouvel élargissement. Je trouve enfin que continuer à faire croire à la Turquie qu'elle entrera dans l'Union européenne est particulièrement malhonnête à l'égard de son peuple qui préférerait sûrement plus de franchise.

VdF : Au parlement européen, pouvez-vous compter sur des forces politiques capables d’enrayer le processus d’intégration ?
M.LP : Il existe incontestablement des forces politiques au parlement européen qui sont prêtes à s'opposer à cette adhésion et, en premier lieu, le groupe Identité-Tradition-Souveraineté présidé par Bruno Gollnisch et où siègent les députés Front National. [N.D.L.R. : voir également, p. 4 et 5, l’action de Paul- Marie Coûteaux et du groupe Indépendance & Démocratie]. D'autres groupes ont fait de grandes déclarations contre l'entrée de la Turquie - nous les attendons dans l'avenir pour voir si, oui ou non, ils trahiront ou pas leurs électeurs respectifs. Je m'interroge par exemple sur le cas des députés du MPF qui se sont toujours prononcés contre l'entrée de la Turquie, mais qui, au niveau national, sont en train de passer des alliances avec l'UMP…

VdF : Que peuvent faire les simples citoyens ?
M.LP : Participer à toutes les actions visant à faire connaître leur opposition à ce projet d'adhésion (manifestation, pétition…) mais surtout… voter Front national !

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