L’ISLAM EN GRANDE-BRETAGNEUN COMMUNAUTARISME A N’IMITER SOUS AUCUN PRETEXTE !

L’ISLAM EN GRANDE-BRETAGNEUN COMMUNAUTARISME A N’IMITER SOUS AUCUN PRETEXTE !

Par Philippe Berthaud
Journaliste.
Correspondant de presse au Royaume-Uni.

Les attentats de Londres en juillet 2005, les scandales autour du port du voile, les prises de positions radicales des institutions musulmanes britanniques et les révélations surprenantes d’une enquête officielle sur l’islam britannique ont ébranlé la confiance des Anglais. Ces derniers ont découvert que leurs voisins musulmans n’avaient rien de commun avec eux, hormis un lieu de résidence. Le modèle communautaire britannique, tant vanté de notre côté de la Manche, vole en éclats. Il faut mettre en oeuvre de nouvelles solutions, comme tentent courageusement de le faire les pragmatiques Anglais.

Lorsque le ministre de l’Intérieur et des Cultes, Nicolas Sarkozy, lança, en février 2003, le Conseil français du culte musulman, il affichait une nette volonté de tourner le dos au modèle républicain d’assimilation, pour engager la France sur le modèle communautariste britannique, plus en phase, selon lui, avec les réalités. Mais, outre Manche, les sanglants attentats de Londres, le 7 juillet 2005, ont fortement remis en question ce modèle “intégrationniste”. Pire : depuis le début de l’année 2007, les événements liés au terrorisme musulman sur le sol britannique et les enquêtes, sur la réalité de l’intégration des musulmans au Royaume-Uni, sont en train de faire s’évaporer le mirage du modèle d’intégration à l’anglaise, réputé tolérant, efficace et “moderne”.

Il aura suffi d’une journée, une seule, pour révéler aux Britanniques, à travers deux évènements bien distincts, non seulement les véritables orientations des populations musulmanes du Royaume-Uni ; mais aussi la détermination et le danger représenté par ses minorités actives.

Le 31 janvier dernier, l’Angleterre médusée apprenait que 37 % des musulmans âgés de 16 à 24 ans préféreraient l’instauration de la charia plutôt que d’obéir à une loi britannique qu’ils ne peuvent, fondamentalement, pas respecter. Ce chiffre est tiré d'une étude du très sérieux et officiel groupe de réflexion Policy Exchange. L’enquête - intitulée “Vivre ensemble séparément : les musulmans britanniques et le paradoxe du multiculturalisme” - a été effectuée auprès de 1.003 musulmans de tous âges. Réalisée par Munira Mirza, chercheuse britannique reconnue et particulièrement médiatique, l’étude illustre le renforcement de l’identité religieuse musulmane au Royaume-Uni. Pour 90 % de ces sondés, la foi, pratiquée de manière stricte, est la chose la plus importante dans leur existence.

Le rapport de Policy Exchange dépeint le Conseil musulman de Grande-Bretagne (MCB) - organisation qui a inspiré à Nicolas Sarkozy la création du Conseil national du culte musulman (CNCM) - comme une structure ambiguë qui, sous des dehors et des prises de positions policées, quoique intransigeantes, cache des attitudes extrémistes. Comme le CNCM, la structure musulmane britannique est l’interlocuteur privilégié du gouvernement. Le rapport de Munira Mirza estime que diverses organisations, dont le MCB lui-même, abritent des extrémistes : “Ses membres radicaux tendent à dominer la politique et à étouffer les voix modérées et plus diverses ». L’ancien président du MCB, Iqbal Sacranie, fervent partisan du Hamas, juge que, pour Salman Rushdie, auteur des Versets sataniques, “la mort est encore trop facile”.

Au sein de la communauté musulmane elle-même, forte de deux millions de fidèles, les autorités britanniques constatent une radicalisation des jeunes – pourtant a priori les mieux “intégrés” et les plus “modernes”.

Une minorité importante (13 %) et potentiellement agissante des 16-24 ans déclare “admirer des organisations comme al-Qaida, prêtes à combattre l'Occident” ; 74 % sont favorables au port du voile islamique, quitte à combattre frontalement l’opinion britannique ; 37 % préfèrent confier leurs enfants à une école coranique qu’à des Anglais. Autant de statistiques qui portent un coup dur à la politique multiculturaliste de Tony Blair et doivent alarmer les suiveurs potentiels, en France comme en Allemagne.

Pour l’auteur du rapport, “il y a un conflit, au sein de la communauté musulmane britannique, entre une majorité modérée qui accepte les règles de la démocratie occidentale et une minorité - croissante - qui ne les accepte pas”.

Face à ce constat, plusieurs personnalités politiques, à l’instar du secrétaire à l’Education, Alan Johnson, se sont prononcées en faveur de la “britishness” - l’identité britannique - , comme un socle de valeurs communes de la société.

David Cameron, le responsable du parti conservateur a, lui, déclaré que “ceux qui cherchent à instaurer un Etat avec la charia ou à obtenir un traitement particulier ou des lois séparées pour les musulmans britanniques sont, à bien des égards, le reflet du British National Party”, le parti nationaliste anglais. Ses propos – déplacés à l’égard du BNP ! - ont immédiatement été condamnés par plusieurs associations communautaristes.

Menacé d'interdiction après les attentats londoniens, l’association extrémiste Hizb ut-Tahrir – qui milite pour la création d’un État islamique ! - a accusé David Cameron “d'alarmisme” : “Comme Tony Blair, il verse dans la politique politicienne plutôt que d'accepter les griefs de millions de personnes opposées au colonialisme de l'Occident dans le monde musulman.” Le secrétaire général du MCB a jugé que “ce lien établi entre des organisations musulmanes et le fascisme du BNP serait considéré comme une grave offense”.

Le jour même - 31 janvier - où ces commentaires allaient bon train ; où le Royaume-Uni se divisait entre ceux qui prônaient un durcissement de la politique migratoire et ceux qui se battaient un peu plus la coulpe, tout en défendant les musulmans, forcément modérés et opprimés… coup de théâtre ! Neuf personnes étaient interpellées à Birmingham alors qu’elles allaient enlever un militaire britannique d'origine musulmane.

L’otage devait être torturé, décapité et sa mise à mort filmée, pour être ensuite diffusée sur Internet. Le motif d’un tel projet ? Une punition individuelle et un avertissement à l’ensemble des musulmans soupçonnés de “ralliement à l’Occident”, aggravé par un engagement dans une armée intervenant en Irak.

Un conseiller municipal travailliste de Birmingham a révélé que les neuf personnes interpellées étaient des Britanniques… d'origine pakistanaise. Retenus sous le régime du Terrorism act 2000, les terroristes présumés étaient surveillés depuis plus de six mois par les forces spéciales. Ils ont été arrêtés dans le cadre d'une opération antiterroriste qualifiée de “majeure” par le ministère de l'Intérieur.

Il faut une nouvelle politique d’immigration
Selon les services de renseignement intérieurs britanniques (MI5), le niveau d'alerte terroriste est “grave”. Sur une échelle graduée de 0 à 5, les responsables le situent à 4, ce qui indique qu'un attentat est “très probable”.

En 2006, le chef du MI5 avait déclaré qu'une trentaine de complots terroristes faisaient l'objet d'investigations et que des agents de renseignement surveillaient environ 1.600 suspects.

À l’heure où les Britanniques constatent l’échec de leur modèle communautariste, la France, sous la houlette de Nicolas Sarkozy, persiste à s’y enferrer à coup de développement d’institutions confessionnelles comme le CNCM ; de discrimination positive ; de représentation de “minorités visibles” ; et en général, de tout un train de mesures en opposition, tant avec la lettre qu’avec l’esprit, de la loi de 1905 sur la séparation des Eglises et de l’Etat (financement public des mosquées et établissements scolaires musulmans, tranches horaires non mixtes dans les piscines La Voix des Français - n° 92 -Mars 2007 publiques, repas halal dans les cantines, salles de prière sur les lieux de travail, etc.)…

Cette politique ne fait qu’accompagner le mouvement, comme l’infirmière “accompagne” le mourant. Face à l'immigration massive de populations appartenant à une culture radicalement antagoniste à la nôtre, un homme d’État digne de ce nom doit refuser le dévoiement des principes républicains qui conduit au communautarisme. C’est pourquoi, il faut changer de politique d'immigration, en Angleterre comme en France.

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