MONSIEUR SARKOZY, DISCRIMINATION POSITIVE OU RÉPUBLIQUE, IL FAUT CHOISIR !

MONSIEUR SARKOZY, DISCRIMINATION POSITIVE OU RÉPUBLIQUE, IL FAUT CHOISIR !

Par Xavier Van Lierde
journaliste au magazine Monde & Vie

Un certain nombre de politiciens, notamment de la majorité, et tout particulièrement le ministre de l’Intérieur, présentent actuellement la discrimination positive comme l’ultime mesure susceptible de sauver la République mise à mal par les tensions entre communautés révélées par les récentes émeutes des banlieues. Il s’agit là d’un contresens, la discrimination positive contrevenant gravement aux principes républicains.

Parmi les nombreux concepts qui sapent les fondements de la République, l’un des plus néfastes est sans conteste celui de discrimination positive, par lequel un certain nombre de décideurs influents veulent instaurer en France des législations inspirées de l’affirmative action américaine.

Ils veulent passer en force
Longtemps réticente à mettre en oeuvre de tels procédés contraignants de promotion des minorités, la classe politique française semble, après avoir déjà adopté certaines réformes s’en inspirant, comme la parité électorale hommefemme, vouloir faire de la discrimination positive un remède miracle à la crise des banlieues.
Depuis les émeutes qui ont secoué quinze jours durant les périphéries des grandes villes à forte densité immigrée, la discrimination positive est présentée tout à la fois comme une urgence etcomme la seule mesure susceptible de sauver la République. À l’évidence, les partisans de la discrimination positive entendent profiter de l’émotion suscitée par cette crise pour passer en force. Comme le remarque Anne-Marie Le Pourhiet, « la République est conviée à sa répudiation ! »

Les enseignements de l’expérience américaine
Pour autant, s’ils utilisent désormais volontiers le terme de discrimination positive, ses partisans se gardent encore de révéler aux Français la véritable nature de cette politique. Ils s’attachent ainsi à distinguer la discrimination positive « à la française » de son précédent américain, en prétendant que notre tradition républicaine nous protégerait des dérives constatées Outre-Atlantique.
Or, l’étude de cette dernière démontre au contraire que les dispositions constitutionnelles américaines garantissant l’égalité des citoyens devant la loi se sont révélées impuissantes à enrayer la mise en place de discriminations à rebours. Pis, ces politiques assises sur l’instauration de quotas se sont revendiquées de la législation sur les droits civils qui stipulaient pourtant explicitement le refus de tout quota… La justification du glissement était la suivante : puisque l’égalité de droit ne débouche pas spontanément sur l’égalité de fait, alors il convient d’assurer celle-ci par la contrainte !
Le même raisonnement, source de tous les excès, prévaut aujourd’hui en France, où le ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, s’est plu à décrire la discrimination positive à la française comme la nécessité d’assurer « l’égalité par la loi », et non plus devant la loi comme le professe la tradition républicaine.

Violation systématique des principes républicains
Plus que d’assurer l’égalité des chances comme on veut le faire croire aux Français, la discrimination positive à la française vise donc explicitement à assurer une égalité de fait par la force de la loi, en prescrivant de façon contraignante non plus seulement des interdits, mais des actions positives. Il s’agit donc d’un projet de nature totalitaire qui menace gravement la liberté de choix de nos concitoyens et viole le principe républicain de liberté.
De la même façon, en instaurant nécessairement des dispositifs de quotas formels ou non, en multipliant les droits dérogatoires et les passe-droits, la discrimination positive viole le principe d’égalité des citoyens devant la loi et rétablit un édifice juridique marqué par l’octroi de privilèges à certaines catégories de la population.
Enfin, en privilégiant ainsi certaines catégories de la population au détriment des autres, la discrimination positive va nécessairement créer du ressentiment, de la jalousie. En scindant la communauté nationale en une multitude de communautés définies en vertu de la race ou de l’origine et dépositaires de droits spécifiques, il va remplacer la saine émulation entre individus par une rivalité malsaine entre communautés ethniques et introduire le ferment de la discorde entre les Français. Loin de revitaliser le pacte républicain, la discrimination positive viole donc le principe républicain de fraternité.
Force est donc de constater que la discrimination positive remet en cause les fondements juridique et philosophique de la République française, tels qu’exprimés aux frontons de nos écoles et de nos édifices publics. Loin de constituer l’ultime mesure capable de revitaliser le pacte républicain, la discrimination positive constitue donc pour la République un danger mortel. Il convient ainsi de l’affirmer : la République et la discrimination positive sont par essence antinomiques et inconciliables. On ne peut être à la fois républicain et partisan de la discrimination positive. Entre l’une et l’autre, il faut choisir.


Vous êtes ici : Accueil Tribunes MONSIEUR SARKOZY, DISCRIMINATION POSITIVE OU RÉPUBLIQUE, IL FAUT CHOISIR !