Constitution européenne :la démarche de crabe des mondialistes

Constitution européenne :la démarche de crabe des mondialistes

Ce mois-ci, La Voix des Françaisaccueille, en tribune libre, l’une des plus belles plumes de la presse française. Ancien responsable des pages culturelles du regretté Quotidien de Parisde Philippe Tesson, et rédacteur en chef de National Hebdo, Martin Peltier confie désormais ce que lui inspire l’actualité dans un bloc-notes publié par le magazine “catholique et national” Monde & Vie. Il nous explique ici pourquoi il entend rejeter le projet de Constitution européenne et les sombres desseins mondialistes qu’il contient.

Une Constitution sert ordinairement à fixer les institutions politiques d’un État et à en encadrer le fonctionnement. Il y a eu de grands États sans Constitution, jamais de Constitution sans État. Le referendum qu’on nous propose signifie donc d’abord que les artisans de l’Europe bruxelloise se sont décidés pour un État fédéral, et qu’ils comptent sur le peuple français pour entériner leur décision. Ce coming out est une grande nouvelle. Depuis 1950, les pères de l’Europe, les sages, procédant par petits pas, avaient toujours refusé de trancher entre l’Europe fédérale et l’Europe confédérale, la première ayant leur préférence, la seconde celle de la majorité des citoyens des grands États membres. Ce qui n’est pas nouveau, en revanche, c'est la méthode employée par les « élites européistes » pour venir à bout de la résistance des peuples et imposer leur projet. On n’a jamais voté en effet sur l’Europe, sur le type d’Europe que l’on souhaite, sur ses contours et son contenu, mais toujours sur autre chose : l’entrée de la Grande-Bretagne, l’élargissement, le traité de Maastricht, chaque étape étant censée représenter un progrès de l’Europe, et une confirmation de l’assentiment des peuples. On parle hypocritement de déficit démocratique à propos de l’Europe : le processus bruxellois, est, par sa nature historique, anti-démocratique. L’aveu implicite, par la rédaction d’une Constitution, que les européistes de Bruxelles ont opté pour un super État fédéral rend nécessaire un débat sur l’Europe que l’on veut.
Examinons brièvement la Constitution qu’on offre à nos suffrages. Souvent précédée d’un préambule d’aspect philosophique, une Constitution courante se compose d’un petit nombre d’articles clairs et compréhensibles par tout le monde, malgré leur nature juridique. Elle s’en tient aux principes directeurs.
Or, parmi ceux-ci, le traité constitutionnel, élaboré par la commission présidée par Giscard, et retouché au terme de laborieuses négociations entre les États de l’union européenne, place l’obligation de ne dresser aucun obstacle, en aucune circonstance, au commerce international. Cela fige évidemment la politique économique des États membres, restreint la liberté des peuples et peut s’avérer catastrophique pour l’Union, dans le cadre de la concurrence internationale. Du point de vue juridique, cela rabaisse le texte du niveau constitutionnel, réservé aux principes et grandes définitions, à celui des applications de détail, à moins que cela n’élève au rang de principe ce qui fut toujours considéré comme de la cuisine des gouvernements, dépendant des circonstances et de la conjecture. Si la dernière interprétation est la bonne, l’idolâtrie du libre-échange deviendrait un principe fondateur de l’Europe. Ce serait à la fois rapetisser l’Europe, méconnaître sa vraie nature, et donner une valeur exorbitante à une théorie économique. On trouve aussi, dans ce traité ventru, un grand nombre de dispositions qui n’ont aucune place dans une Constitution, mais qui résultent des négociations de marchands de tapis qui ont précédé sa rédaction finale, chaque État membre exigeant que ses intérêts soient garantis par un texte.
On y lit, concernant la défense, des choses inquiétantes, notamment une référence explicite à l’OTAN, organisation étrangère à l’Union, et dont la direction lui échappe. On n’y trouve surtout aucune des définitions qui permettrait au citoyen de décider si, oui ou non, il approuve le projet bruxellois : Qu’est-ce que l’Europe ? Et un Européen ?
C’est exprès, disent les partisans du oui. Il ne faut pas considérer les choses de manière statique. Ce traité est une Constitution en mouvement, une étape. La meilleure solution possible en ce moment, comme le furent, en leur temps, le traité de Maastricht et celui de Nice. Depuis les années cinquante, l’Europe nous a apporté la paix, la prospérité et la démocratie, elle a toujours fonctionné sur des compromis, ce n’est pas la gloire, mais il faut continuer à faire le moins mauvais choix. Ici, on nous paie de mots, car les utopies européennes ont varié depuis cinquante ans, et les réalités aussi. L’étiquette Europe, très recherchée, recouvre un capharnaüm de marchandises hétéroclites. Qu’est-ce qui a fait, par exemple, le miracle économique de l’Europe dans les années soixante ? Sa démographie, son avance culturelle et technique, son lustre, ses réseaux commerciaux, ses amitiés politiques, et, sans doute aussi, ce qu’on appelait le marché commun. Mais le marché commun à six, régi par le traité de Rome, inspiré par la préférence communautaire et défendu par le tarif douanier extérieur commun, avait-il quelque chose à voir avec l’union à vingt-cinq fonctionnant, selon la volonté de l’Angleterre, comme une association de libreéchange ? Quand on dit, l’Europe nous a apporté la prospérité, qu’est-ce que l’on veut dire, quelle est la chose dans l’Europe qui est responsable d’une part de notre prospérité ?
Idem pour la paix. Ont pu jouer, pour la préserver, le parapluie américain, la relative sagesse des Russes, la réconciliation franco-allemande, la force française de dissuasion, et peut-être aussi l’habitude de palabrer tous ensemble et les projets communs. L’Europe, en partie, d’une certaine manière, mais en quoi l’Europe de Bruxelles ?
Donc, quand on nous dit, depuis cinquante ans, l’Europe engendre paix et prospérité, on mélange tout volontairement, afin de capter la légitime fierté des Européens au profit d’un projet qui n’a pas été évalué, et qui a d’ailleurs évolué si fortement, depuis son origine, qu’on pourrait à juste titre parler de trahison. On comprend mieux, dans ces conditions, pourquoi les promoteurs du oui, qui disposent en Europe de la quasi-totalité des institutions d’État, des grands moyens de communication, et du soutien des grandes entreprises, ont « oublié » de faire la pédagogie nécessaire, et n’ont pas engagé les citoyens à s’informer sur ce que contient ordinairement une Constitution. Il s’agit de poursuivre la politique subreptice menée depuis le début, et singulièrement depuis la fin des années soixante. Il s’agit de continuer à construire subrepticement quelque chose qu’on demande aux peuples d’approuver sans le discerner.
En même temps, leur projet est une utopie radicalement différente de celle des pères fondateurs. S’ils avaient à définir l’Européen, ce serait ce qu’ils nomment un démocrate, c’est-à-dire quelqu’un qui souscrit à l’idéologie dominante de la non-discrimination, de la non-exclusion. À considérer strictement la Constitution, un Auvergnat homophobe, un Vendéen antiimmigrationniste sont des corps étrangers dans l’Union, alors qu’un Turc ou un Israélien laïques et non-fumeurs ont vocation à y entrer. Ici, le législateur viole la conscience de l’individu et interdit toute insurrection pour le rétablissement des valeurs nationales et chrétiennes, afin de rendre juridiquement et politiquement possible toute invasion, toute inversion, toute subversion, toute submersion jugées utiles au projet mondialiste. La vie ni la famille ne sont sérieusement défendues par le traité, et les racines chrétiennes de l’Europe sont ignorées.
Lors de son émission avec les jeunes sur TF1, le président de la République a prétendu avec force que le présent referendum n’a rien à voir avec l’éventuelle entrée de la Turquie. Il se trompe, ou plutôt il ment : lui-même, pourtant membre fervent du parti turc, a pris un profil bas, afin de ne pas indisposer l’électorat, qu’il sait très opposé à l’adhésion d’Istamboul à l’Union. En fait, le scrutin sur la Constitution est l’occasion pour les idéologues de « l’Europe » de rendre intangibles les principes sur lesquels repose leur utopie, qui n’a rien d’européenne, de les substituer aux réalités européennes léguées par l’Histoire des peuples européens. Une fois cette chose acquise, alors la Turquie, ou tout autre pays compatible avec leurs principes et conformes à leurs intérêts, pourra devenir européenne.
À cette démarche de crabe, à ces intentions à la fois totalitaires et destructrices, les Européens doivent s’opposer, soit qu’ils rêvent pour leur continent le destin d’une puissance, soit qu’attaché à leurs nations, ils préfèrent préparer la concorde, la prospérité et l’indépendance à travers une confédération de nations. Tous opposeront au flou dominateur de Bruxelles un clair discernement des choses qui comptent sous les mots qu’on prétend leur imposer : qu’est-ce que l’Europe ? Quelle Europe veulent-ils ? À l’inverse d’une utopie, l’Europe est un lieu, physique et mental, un biotope pour des peuples, parents par leur civilisation, leurs racines, y compris religieuses.

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LES CHIFFRES DU MOIS

240 000

C’est le nombre d’étudiants étrangers en France. Ils n’étaient que 149.000 en 1998. On pourrait se réjouir de voir ainsi la qualité de l’enseignement français reconnu par nos voisins… Il faut pourtant déchanter : plus de 50 % des étudiants accueillis en France viennent d’Afrique et du Maghreb, 135.000 arrivent sans avoir obtenu de bourses de mobilité, leur taux de réussite est inférieur de 40 % à celui des étudiants français, et plus de 50.000 étudiants recensés comme étrangers sont, en fait, des immigrés ayant accompli leurs études secondaires en France. Précisons enfin que le coût annuel de l’accueil des étudiants étrangers pour le budget de l’État, correspondant à la quasigratuité des droits d’inscription à l’université et au versement de bourses sociales, se monterait, selon une note confidentielle de Josy Reiffers, ancien directeur adjoint de cabinet de Luc Ferry, au ministre de l’Éducation nationale à la bagatelle de… 2 milliards d’euros ! (Source : Le Monde du 28 janvier 2005).

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