Comment un rapt en Irak accroît le poids de l’islamisme en France

Comment un rapt en Irak accroît le poids de l’islamisme en France

Par Bernard Cabannes
Journaliste au magazine Monde et Vie

Après avoir ouvert la Grande Mosquée de Paris à Dominique de Villepin, ministre français de l’Intérieur et des Cultes pour qu’il y fasse une prière pour les deux reporters français enlevés en Irak, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) se félicitait : “Nous avons gagné nos galons de Français !” Et d’en profiter pour réitérer sa demande d’une fête musulmane dans le calendrier des jours fériés français. Prompts à s’envoler pour Bagdad afin de réclamer la libération des otages français, nos chers imams n’étaient pas moins prompts à réclamer une contrepartie à leur “belle fidélité”. Quant au gouvernement français, en s’appuyant sur de tels émissaires pour tenter de faire libérer les otages d’Irak, il n’a obtenu qu’une seule chose : devenir lui-même otage des représentants des musulmans de France !

Si les ravisseurs de nos confrères Christian Chesnot, de RFI, et Georges Malbrunot, du FIGARO et de RTL, croyaient perturber la rentrée de nos écoles publiques, ils auront été déçus. Car leurs élèves musulmanes se sont, en grande majorité, docilement dévoilées à l’entrée des établissements. Cela clairement pour éviter d’exposer leur communauté à l’amalgame avec des ravisseurs et éventuels assassins. L’enlèvement des deux reporters et essayistes n'a donc pas compromis, mais facilité la rentrée de nos établissements publics d’enseignement. Si le rapt a payé, c’est de toute autre façon ! Car, bien que revenu sans les otages, le ministre français des Affaires Étrangères estimait avoir rempli sa mission : il avait fait le tour des capitales arabes (Arabie curieusement exceptée), flanqué de trois représentants du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM). Au sortir de l’Élysée, où il avait rendu compte de ses contacts au Président Chirac, il précisait avoir « expliqué la France et son identité républicaine ».
« Républicaine » au sens de laïque sans doute, indépendante de tout clergé et neutre. Le ministre avait-il réfléchi à la neutralité des cautions de son message et de cette « identité républicaine »? Le Conseil Français du Culte Musulman a été élu par 4.000 électeurs cooptés par les imams étrangers de mosquées financées surtout par l’argent de la monarchie saoudienne. Deux des trois associations représentées dans sa délégation étaient bel et bien, au su de ses hôtes, acquis au principe d’un avenir théocratique de l’État !
Le groupe qui, après huit jours de silence, s’est finalement présenté comme détenant nos confrères, partage cette conviction. Qui plus est : il la vit. Cette « Armée Islamique en Irak » paraît constituée de jeunes wahhabites ramenés par un Irakien d’un exil dans le Golfe. Rebutée sans doute par l’ambiguïté de leur position, elle n’a guère été tentée de contacter ces envoyés musulmans du pays des Croisés, alors qu’elle débattait ouvertement le sort de nos confrères sur divers sites islamistes. L’un d’eux semble avoir pris le relais, réclamant (pour elle ?) une rançon, la promesse de ne pas renouer avec Bagdad et une trêve proclamée, selon lui, par Ben Laden, que démentent le massacre ossète et celui de douze Népalais en Irak.
Étonnés et glorieux du rôle officiel qui leur permettait de s’adresser avec autorité aux dirigeants de pays du Proche et du Moyen Orient, les trois représentants du CFCM prirent la parole à Bagdad au nom de la France, en arabe et en français, tandis que notre ambassadeur s’effaçait, debout dans un coin de la salle. Fier d’avoir amené le ministre français de l’Intérieur et des Cultes à la Grande Mosquée de Paris où il priait pour les deux reporters enlevés, leur président algérien, le Recteur Boubakeur, se rengorgeait : « Nous avons gagné nos galons de Français ! » Et d’en profiter pour réitérer sa demande d’une fête musulmane (l’Aïd el Kebir) dans le calendrier des jours fériés français. Une revendication repoussée par François Fillon, ministre de l’Éducation, le 4 septembre, au 20 heures de TF1 : « Nous n’avons pas supprimé un jour férié (le Lundi de Pentecôte) pour en créer d’autres ».
En fait, sans grand souci du sort de nos confrères, l’Élysée paraît avoir tiré parti de la situation pour asseoir l’influence de l’Islam dans une république dont le président professe que « les racines sont autant musulmanes que chrétiennes ». La mission de Michel Barnier installe officiellement la France dans cette zone intermédiaire entre le Dar el Islam et le Dar el Gharb (la Maison de la Guerre) qui a nom : Dar es Sulh (Maison de la Conciliation). Une situation transitoire, appelée à prendre fin le jour où le régime démographique supérieur assuré à l’Islam par la dépendance de la femme musulmane ferait basculer le berceau des Croisades de « la mécréance » à la Soumission (en arabe Islam).
Heureusement, le président voit plus clair s’agissant de la Russie que de la France, dont le Juge Bruguière rappelait récemment que, sans le démantèlement d’un groupe liée à l’Imam de Vénissieux, le métro parisien aurait connu une hécatombe supérieure à celle du 11 mars dernier à Madrid.
Cela, du fait d’une arme chimique mise au point par un groupe islamiste aux confins de la Tchétchénie. De cette Tchétchénie dont les preneurs d’otages ont manifesté en Ossétie une inhumanité d’un autre âge, minant d’entrée les murs porteurs du gymnase où ils enfermaient 1.200 otages, dont des centaines d’enfants et de nourrissons, sans eau ni vivres par 35 degrés centigrades, afin qu’ils ne puissent être libérés que par la mort, les explosions, la chute du toit, le feu… L’échelle des deux opérations est différente. Mais leur simultanéité, à l’occasion de la rentrée scolaire, manifeste une coordination inquiétante. L’hécatombe ossète est vue comme « un 11 Septembre russe ». Puissent les pays avancés se retrouver et la France mettre en route avec eux une réaction qui ne vise plus seulement à conférer un avantage politique à une minorité fanatique caressant des plans de mort.

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