« L’école française et le choc de l’immigration.»

 « L’école française et le choc de l’immigration.»

Par Olivier Pichon,
Professeur agrégé, Président du Mouvement pour une éducation nationale

Certes la crise de l’école déjà ancienne ne saurait être entièrement imputée à l’immigration mais celle-ci est venue s’articuler funestement sur les conséquences de Mai 68 et son cortège de dérives pédagogiques et égalitaristes. Le résultat est un précipité fâcheux qui rend impossible la conduite des classes où se pressent parfois jusqu’à plusieurs dizaines de nationalités. Car, s’il est bien connu que l’assimilation est une chose possible pour un individu pris dans sa seule destinée, dès lors qu’il s’agit d’assimiler des masses la tâche devient impossible, provoquant la ruine de l’école ou sa communautarisation, au moment même où l’école de la république eut du s’afficher comme un modèle fort. Non seulement elle «n’intègre» pas, comme l’on dit à tort, mais elle «désassimile» les petits écoliers de souche.
Dés lors, la classe politique, avec une persévérance obtuse, s’est attachée à nier la réalité de la ruine de l’école puis, les faits étant têtus, s’est employée à penser que la crise que connaissait l’école était une affaire de moyens et la voilà toute entière adonnée à la dépense publique à coup de discrimination positive, de ZEP et autres dépenses, mais toujours aussi aveugle aux impasses de la société multiculturelle. Voici donc quelques exemples des «territoires perdus de la république» à l’école dont il faut bien admettre, au sein du phénomène migratoire, qu’ils sont surtout perdus au bénéfice de l’islam.

D’écoles en «Elco»

En janvier 2001, les directeurs d’écoles ont reçu de leur inspection académique une circulaire dont l’objet est le suivant : «enseignement des langues et des cultures d’origine» ( ELCO) On y lit : «il serait bon d’envisager la création de cours de marocain tunisien et/ou algérien suivant le besoin ressenti par la famille». Une lettre écrite en arabe algérien, arabe tunisien et arabe marocain est jointe pour que les maîtres la distribuent aux enfants. La traduction de la lettre fait apparaître le propos suivant : «votre enfant peut recevoir à l’école un enseignement fondé sur l’étude de SA LANGUE NATIONALE [...]. PAR ACCORD AVEC LE GOUVERNEMENT FRANÇAIS ET LE GOUVERNEMENT ALGERIEN CES COURS SONT ASSURES PAR DES ENSEIGNANTS ALGERIENS QUALIFIES ». Et la lettre de poursuivre : « ces enseignements doivent permettre à votre enfant de mieux connaître la langue et la société de son pays. Ainsi, en se connaissant mieux lui-même il doit pouvoir réussir dans l’école française, c’est ce que nous cherchons en commun». Les contradictions du propos sont tellement évidentes avec l’objectif affiché «d’intégration» qu’on ne peut s’empêcher de soupçonner une volonté délibérée et criminelle de communautarisation de la société française, façon puzzle, sans mesurer les conséquences d’une démagogie aussi irresponsable. Hélas, on ne sache pas qu’une telle circulaire ait été aujourd’hui abolie.

La question de la laïcité

Cela devrait être la grande question de ce début du XXI° siècle. Le pouvoir en France, de Pasqua à Jospin et Chevènement, a rêvé d’un islam à la française. Sarkozy l’a fait. Voilà plusieurs années qu’on en paye le prix. Ainsi, dans l’éducation nationale, depuis 1996, on invite fortement à prendre en compte l’enseignement de l’islam, qui était pourtant déjà enseigné, ni plus ni moins que le christianisme, comme « phénomène religieux» depuis des lustres en classe de cinquième.
Mais l’islam s’empare également de l’éducation en utilisant les lois Debré pour créer ses propres établissements. Ainsi, un lycée d’enseignement privé musulman pourrait ouvrir à Lille à la rentrée scolaire 2003, selon les déclaration du recteur de la mosquée de Lille-sud. Ce dernier affirme que, pour l’instant, le financement est constitué par des dons des fidèles, comme pour les mosquées dont il s’est avéré ensuite qu’elles étaient financées par des pays du Moyen-Orient. A dire vrai, le phénomène n’est pas tout à fait nouveau, puisqu’à Marseille et à Aubervilliers des formules de contrat d’association sont aussi en voie d’aboutir. La nature religieuse ayant horreur du vide, comme la nature, tant que le matérialisme et l’incroyance demeureront la norme de nos sociétés, ce vide se remplira de l’islam, d’autant qu’il est porté par des populations immigrées majoritairement issues de pays musulmans.
Quant à l’école publique, l’illustration de ce choc est donnée par la pratique du ramadan. Dans certains établissements, où les élèves musulmans sont majoritaires, la quasi-totalité d’entre eux respecte cette période. Mais faire cours à des élèves à jeun est très difficile, et les cas d’hypoglycémie sont légion ce qui rend souvent improbable la poursuite des cours : les contrôles de connaissance sont reportés et, en sport, les épreuves sont différées, tandis que l’intendant rembourse les repas non pris à la cantine. Mais le comble est atteint lorsqu’on interroge ces jeunes gens qui admettent qu’ils ont commencé à suivre le ramadan à partir de la sixième «car tout le monde le faisait» : et c’est ainsi qu’a l’école de la république s’apprend le ramadan !

La solution est politique

On aura compris : une bonne partie des problèmes qui se posent à l’école ne relèvent pas de sa compétence et la crise qu’elle subit est due à la prétention des différents pouvoirs à se défausser sur elle des problèmes qu’ils sont incapables de régler. Car si le retour à un enseignement de qualité passe, bien entendu, par le retour à ses fonctions premières - lire écrire, compter, etc. - en rompant avec les élucubrations pédagico-idéologiques qui la minent depuis plus de 30 ans, il n’en demeure pas moins que c’est au Parlement qu’il revient de résoudre l’épineuse question de l’immigration et non à l’école !
Tant que le pouvoir ne reviendra ne repensera pas de fond en comble le code de la nationalité, l’école, mais aussi la nation toute entière resteront en crise !

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