DEMANDEURS D’ASILE Le plan de Guéant le Terrible


" Notre tradition du droit d'asile politique est en danger » a déclaré le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, après avoir visité un centre d'accueil pour demandeurs d'asile, à Montauban, fin novembre… Après neuf ans d’exercice du pouvoir de l’UMP, il était temps de s’en apercevoir !
Le fidèle ami de Nicolas Sarkozy a fustigé les « détournements de procédure » qui, selon lui, saturent une machine administrative insuffisamment sécurisée. Il a également dénoncé les « filières organisées », reliées au monde criminel, qui pilotent les pseudo-demandeurs d'asile depuis leur pays d'origine, alors que leur candidature, essentiellement motivée par la volonté de profiter du système social français, devrait être rejetée.


« Le nombre de demandes d'asile a augmenté de 55 % ces quatre dernières années et pourrait atteindre les 60.000 demandes en 2011 », explique le ministère de l’Intérieur. Selon les chiffres officiels, la France concentre à elle seule « 20 % de la demande d'asile en Europe ». Notre pays se situe « à la deuxième place au niveau des pays industrialisés, derrière les Etats-Unis ». Or, précise Claude Guéant, « on assiste à l'accroissement des demandes d'asile infondées ». Il n’empêche ! Cette prise de conscience n’a pratiquement pas d’influence sur le nombre de dossiers acceptés, qui varie très peu, d’une année à l’autre : 10.000 statuts de réfugié accordés en 2010, contre 11.500 en 2008.


De manière générale, le système est totalement engorgé, le délai de traitement des dossiers dépassant fréquemment les 19 mois, soit 3 mois de plus qu'en 2008. Conséquence, le budget de l'asile a augmenté de 40 % en deux ans, dépassant le demi-milliard d'euros en 2011 (voir encadré) ! Du jamais vu depuis que cette procédure existe, notait le Le Figaro, pourtant sarkozyste. En effet, il a fallu multiplier les recrutements dans les instances chargées d’instruire les demandes d’asile (Office français de protection des réfugiés et apatrides et Cour nationale du droit d'asile). En outre, l’Etat français a eu l’idée saugrenue d’héberger et d’assister financièrement les demandeurs, « logés, pour une large part, dans des hôtels, sachant que les places en centre d'accueil restent limitées à 21.000. Soit trois fois moins que le nombre de candidats », relevait Le Figaro.
Les quelque 270 centres d'accueil qui offrent ces 21.000 places connaissent eux-mêmes des situations très contrastées. Certaines platesformes, comme Angers, Mulhouse, Dijon, sont submergées de demandeurs. Des « filières », parfois « rétribuées », assurait Claude Guéant à l’AFP, les y orienteraient parce que le délai d'instruction des dossiers y est forcément plus long. Là encore, on voit comment les malfaiteurs abusent de la complaisance coupable du ministère de l’Intérieur, qui accepte apparemment d’être le dindon de la farce.
Mais que l’on se rassure. A cinq mois de l’élection présidentielle, le portecoton de Sarkozy a forcément annoncé un « plan radical » pour sauver la situation… Là encore, pourquoi Sarkozy ne l’a t-il mis en place en 2007 ? Ou, mieux, lors de son arrivée place Beauvau en 2002 ?
Cela dit, le plus comique consiste à étudier le « plan » de Guéant le Terrible. D’abord, pour « mettre un terme à la mauvaise répartition des demandeurs », le placement sera géré par le préfet au niveau régional et non plus départemental. Avec, notamment, 30 % de places réservées en province pour accueillir les demandeurs de la région Ile-de-France, qui concentre 45 % des demandes. Autrement dit, il ne s’agit pas de faire chuter le nombre des demandeurs, mais de mieux répartir l’effort sur le dos des contribuables et de faire débarquer des éléments parfois dangereux et déséquilibrés (voir VDF 137) là où les Français vivaient encore relativement à l’abri des ravages de l’immigration de masse.
En outre, une loi déposée en janvier devrait permettre « d'écarter les demandeurs qui trichent ou refusent de coopérer avec les autorités, comme ceux, par exemple, qui altèrent volontairement leurs empreintes digitales » pour échapper à une identification. Fort bien. Sauf que, s’il s’agit de faire chuter le nombre de demandeurs de manière aussi homéopathique que cela fut le cas en 2010, cela ne servira à rien ! Mais, de toute façon, un haut fonctionnaire l'affirmait anonymement au Figaro : « Que le demandeur obtienne ou non le statut de réfugié, généralement il reste en France. » Voilà la réalité, au-delà des discours.

Frédéric Petit

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