Un rapport du Commissariat général du plan

Un rapport du Commissariat général du plan réduit à néant deux lieux communs : ni la démographie, ni l’économie ne justifient le recours à l’immigration

Pour justifier leur laxisme en matière d’immigration, les membres de la classe politicienne soutiennent souvent que l’immigration serait de toute façon indispensable à la France, au développement de son économie et au paiement de nos futures retraites. Ce sont ces lieux communs que les experts réunis sous l’égide du Commissariat général du Plan viennent de réduire à néant : comme Voix des Français n’a cessé de le clamer, le recours à de nouvelles vagues d’immigration n’est justifié, ni par la démographie, ni par le marché du travail !

L’immigration, une fausse solution au déclin de notre démographie

Le premier lieu commun souvent utilisé pour justifier le recours à l’immigration peut se formuler ainsi : «Comme les Français ne font pas assez d’enfants, ce sont les immigrés qui paieront nos retraites.»
"L'idée même de planification des flux migratoires en fonction d'objectifs purements démographiques pose problème et est vouée à l'échec"
Didier Blanchet
Chef du Département Emploi et revenus d'activités de l'INSEE

Les prévisions onusiennes brocardées

On se souvient que ce raisonnement des plus simplistes avait été repris en très haut lieu, puisqu’il était à la base d’un volumineux rapport des Nations-Unies recommandant à la France d’accueillir quelque 24 millions d’immigrés supplémentaires d’ici 2040 - soit 600.000 par an - pour compenser le déclin de la natalité française. Les experts du Commissariat général du Plan dénient aujourd’hui toute pertinence à ce rapport. Ainsi, pour Didier Blanchet, chef du département emploi et revenus d’activités de l’INSEE, «l’exercice des Nations Unies nous conduit à sortir largement des limites du vraisemblable, en évaluant les flux migratoires considérables et aberrants que requerrait la stabilisation à long terme des ratios actifs/retraités».

Deux questions pertinentes

Mais Didier Blanchet va plus loin encore. Il estime que le recours à l’immigration pour obtenir la seule stabilisation du nombre d’actifs (ce qui nécessiterait l’accueil annuel d’environ 120.000 immigrés) pose également problème. «Si cette politique n’est pas aussi irréaliste que la politique de maintien de la structure par âge, elle n’en suppose pas moins des flux et une capacité d’assimilation, importants.» D’où la perplexité de Didier Blanchet: «S’agirait-il du bon partage entre “instrument” migratoire et politiques favorisant la constitution des familles pour les résidents [...], ces politiques étant entendues au sens large, incluant l’ensemble des dispositifs de conciliation de la vie familiale et professionnelle ?»

La bonne réponse : le refus d’une nouvelle vague d’immigration

Et, une fois ces questions posées il conclut : «En fait, on peut arguer que c’est l’idée même de planification des flux migratoires en fonction d’objectifs purement démographiques qui pose problème et est vouée à l’échec.»

L’immigration, une fausse solution à la prétendue pénurie de main-d’oeuvre

Le second lieu commun consiste à prétendre que l’immigration permettrait de résoudre la pénurie de main-d’¦uvre dont souffrirait l’économie française. On se souvient que c’est l’argument qu’avait utilisé Alain Juppé, dans un entretien au journal Le Monde, pour demander que la France accueille de nouvelles vagues d’immigration.

"La persistance d'un effectif important de chômeurs plaiderait plutôt pour un contrôle des flux migratoires et un renforcement des systèmes de formation."
Carole Deneuve
Chargée d'études et de recherche au Centre d'observation économique et à la chambre de commerce et d'industrie de Paris.

Quelle pénurie de main-d’oeuvre ?

Mais, là encore, cette proposition ne résiste pas à l’analyse des experts du Commissariat du Plan. Tout d’abord parce que le manque - tout relatif - de main-d’¦uvre qui s’est manifesté dans certains secteurs professionnels en 1999 et en 2000 s’est pour l’essentiel résorbé naturellement par le ralentissement de la croissance que l’on connaît 2001. Notons d’ailleurs que le terme de «pénurie de main d’¦uvre» utilisé par les partisans d’une relance de l’immigration ne correspond nullement à la réalité. Comme le relève Carole Deneuve, chargée d’études et de recherche à la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, «les difficultés de recrutement récemment rencontrées en France ont coexisté avec quelque 2,5 millions de demandeurs d’emploi, c’est à dire qu’une partie des offres supplémentaires d’emplois n’a pu être satisfaite par la réserve de main-d’¦uvre constituée par le stock de chômeurs. Ce n’est donc pas de manque de main-d’¦uvre dont souffrent les entreprises mais bien de compétences précises pour certains types de métiers.»

La formation plutôt que l’immigration

Dès lors, Carole Deneuve considère que «la persistance d’un effectif important de chômeurs plaiderait plutôt pour un contrôle des flux migratoires et un renforcement des systèmes de formation». On ne saurait lui donner tort. Reste maintenant à espérer que ce rapport soit lu et traduit en actes par la nouvelle majorité. Mais, dans le cas contraire, cette dernière ne pourra pas dire : «Je ne savais pas !»


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