AFFAIRE MOHAMED MERAH : et si on avait pu éviter le pire ?


Et s’il avait été possible d’éviter l’affaire Mohamed Merah ? Nicolas Sarkozy a annoncé, après la tuerie de Toulouse, « un travail d'évaluation » de la dangerosité des « islamistes radicaux » : « Y a-t-il d'autres Merah ? Tous les services secrets, tous les services de renseignement, tous les services de police des démocraties sont sur les dents. Le ministre de l’Intérieur comme le garde des Sceaux ont reçu instruction d'engager systématiquement un travail d'évaluation. » Ce qui, implicitement, signifie que cela n’avait pas été fait depuis dix ans que la droite est au pouvoir ! Cette faute gouvernementale grave est peut-être à l’origine de la folle équipée du musulman enférocé. Si, dès 2002, le ministre de l’Intérieur s’était montré plus consciencieux, s’il avait fait son travail, nos s e r v i c e s auraient peutêtre pu éviter le pire

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Dans Les Fils dévoyés d’Allah, ouvrage écrit à la fin des années 1990 et jamais publié, mais dont les auteurs, aidés par divers services de renseignement européens et nord-africains, ont confié le manuscrit à l’hebdomadaire Minute, il est fait état d’« un rapport très alarmant et prémonitoire rédigé au début des années quatre-vingt par Philippe Rondot [le futur général Rondot, ndlr], à l’époque affecté à la Direction générale de la police nationale. Ce document titré “Activisme intégriste en France : vers la Guerre sainte” fut remis le 21 janvier 1983 à Pierre Mauroy, alors premier ministre, mais aucune suite concrète ne lui fut donnée »…


Trente ans plus tard, rien n’a changé. Certes, Claude Guéant a révélé que « depuis 2007, 1.473 terroristes ont été interpellés, 392 écroués » et que « 243 individus sont actuellement sous les verrous pour des faits de terrorisme ». La nouvelle inquiète plus qu’elle ne rassure. D’abord parce que si les 1.473 personnes interpellées étaient bien des terroristes, que sont devenus les 1.081 individus qui n’ont pas été écroués ? Et les 149 qui, l’ayant été, ne sont plus sous les verrous ? Ensuite notons l’importance des chiffres : 1.473 en cinq ans, cela fait près de 300 par an ; pas loin d’un par jour. Et combien, relève Minute, tels les frères Merah, sont passés entre les mailles du filet ?
En 1997, dans un article titré « Défense militaire : alerte rouge », paru dans Le Casoar, la revue des anciens saint-cyriens, le général de corps d’armée Paul Arnaud de Foïard, ancien directeur de l’Ecole de guerre, énonçait les appréhensions du corps des officiers de l’armée de Terre, garant de l’intégrité du territoire français et de sa défense, face aux problèmes que pose l’installation dans les villes et les campagnes françaises de quelques millions de ressortissants étrangers originaires du continent africain ou asiatique :
« L’ennemi soviétique ayant disparu, les concepteurs de notre nouvelle politique de Défense semblent avoir estimé qu’à terme envisageable, disons une vingtaine d’années, notre pays n’aurait à redouter aucune agression importante. […] Il est incompréhensible d’avoir négligé d’accorder aux risques intérieurs, dont la gravité s’impose pourtant d’évidence, l’attention qu’ils requièrent. La présence sur notre territoire de plusieurs millions d’émigrés inadaptés culturels, souvent missionnaires combattants d’une civilisation opposée à la nôtre, auxquels il faut adjoindre les centaines de milliers de nos concitoyens marginalisés par d’insupportables carences sociales, constitue un véritable baril de poudre. […] Des groupes d’individus déterminés à nuire, organisés, disposant de possibilités de refuge et de renseignements […] ont les moyens de faire peser sur notre pays une véritable menace à sa survie et de lui imposer leur volonté. Ce ne sont pas quelques milliers de gendarmes ou de policiers qui peuvent être en mesure de faire face à un tel risque
en déployant durablement sur l’ensemble du territoire un efficace filet de sécurité.
»
Après le terrorisme d’Etat (tel que l’a pratiqué l’Iran sur le sol français), voici venu le temps du terrorisme de réseaux informels, voire pire, unicellulaire. Lequel est bel et bien une conséquence de l’immigration de masse et de l’imprévoyance criminelle des gouvernements. D’ailleurs, lorsque le ministre de l’Intérieur Claude Guéant et le président sortant Nicolas Sarkozy multiplient l’agitation médiatique autour de l’arrestation, fin mars, de plusieurs musulmans djihadistes – dont certains équipés d’armes de guerre, revenant ou s’apprêtant à partir dans des zones de guerre –, la vraie question qui se pose est la suivante : dix ans après l’arrivée de la droite au pouvoir, que faisaient-ils encore sur notre territoire ? Pourquoi avoir attendu la tuerie de Toulouse ? Pourquoi n’avoir agi que trois semaines avant la fin du mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy ? Et si poser la question, c’était, hélas, y répondre ?
Frédéric Petit

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