Affaire Dieudonné : mortelle atteinte à la liberté d'expression

Personnage ambigu

M. Dieudonné M'Bala M'Bala n'est pas de notre paroisse. Né d'une mère française et d'un père camerounais, ce mulâtre s'est illustré en 1997 en se présentant aux législatives à Dreux contre Marie-France Stirbois, candidate du Front national. Il est ensuite devenu célèbre en jouant des saynètes en duo avec l'histrion juif Elie Semoun. On dit que Dieudonné est le comique le plus doué de sa génération, mais il a d'abord exercé son talent pour se moquer de la France, des Français et de la religion catholique.

A première vue, donc, Dieudonné est un parangon du cosmopolitisme. Pourtant, le personnage est ambigu. Serge de Beketch l'avait reçu à Radio Courtoisie après qu'il eut fait une apparition à la fête des BBR (bleu-blanc-rouge) du Front national et l'on dit même que Jean-Marie Le Pen est le parrain de sa fille Plume. Il se pourrait que Dieudonné ait fini par aimer et admirer la France.

Haine du sionisme

Aujourd'hui, cependant, le fonds de commerce de Dieudonné, c'est d'importer chez nous le conflit israélo-palestinien, par haine du sionisme. Ses fidèles se recrutent soit dans la faune des banlieues de l'immigration, soit chez ces Français qui croient malin de faire alliance avec les musulmans contre les Juifs et les Américains, sous prétexte de lutter contre l'impérialisme. Il a beau être courageux et paraître sincère, il est à l'évidence instrumentalisé par des individus dangereux, agents d'influence des organisations musulmanes. Ceux-là font profession de haine du Juif, puisqu'il faut bien que le sot râle. Le combat de Dieudonné n'est pas le nôtre.

 

 

Nous n'acceptons pas pour autant qu'on cherche à le bâillonner. Roger Cukierman, président du CRIF, conseil suprême des Juifs de France, a demandé au ministre de l'intérieur, Manuel Valls, d'interdire les spectacles de Dieudonné, où celui-ci ne fait pas rire aux dépens des Belges, mais des Juifs, et où il se permet même de tourner en dérision la religion de la Choah. Valls s'est aussitôt exécuté.

"Hodie mihi, cras tibi"

Le plus grave, c'est que le Conseil d'Etat a suivi. Dans une décision du 9 janvier 2014, le juge des référés a écrit, pour justifier l'interdiction d'un spectacle de Dieudonné à Nantes, que l'on ne pouvait pas "écarter le risque sérieux que soient de nouveau portées de graves atteintes au respect des valeurs et principes consacrés par la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen et par la tradition républicaine". Cette décision, si elle est confirmée au fond (il ne s'agit pour le moment que d'un référé), paraît sonner le glas de la liberté d'expression, ou de ce qu'il en restait.

La liberté d'expression ne se partage pas. Elle vaut pour Dieudonné comme pour quiconque. Celui-ci est en droit de nous dire : "Hodie mihi, cras tibi" (aujourd'hui, c'est mon tour, demain ce sera le tien). Le raisonnement liberticide du Conseil d'Etat pourrait justifier demain, par exemple, l'interdiction de Radio Courtoisie, dès lors que l'on y entend parfois des propos qui ne sont pas politiquement corrects. Nous devons nous battre pour la liberté d'expression. Le salut de la France en dépend.

 

Henry de Lesquen

président de Voix des Français

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