Oser aimer

la France

Ce long hiver politique que nous traversons, et qui risque de durer encore longtemps si les élections à venir n’apportent pas le printemps aux Français, fait s’écarter de plus en plus notre peuple de son histoire, de son identité millénaire et de ses valeurs. En témoigne la disparition programmée de la notion de patrie, qui devient non seulement gênante, mais suspecte, aux yeux des adorateurs de la mondialisation et de l’européisme.

Pour ne pas céder aux chimères des idéologies apatrides, nos racines culturelles sont un précieux recours. Revenons un instant vers ceux, nombreux, qui, avant nous, ont osé proclamer qu’ils aimaient la France. Bien sûr, il est impossible de les citer tous.

 

Du Bellay, dans « Les regrets », exprime sa nostalgie de la France, dont il est privé pour trois ans :

« France, mère des arts, des armes et des lois,

Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle,

Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,

Je remplis de ton nom les antres et les bois… »

Du Bellay avait au moins la chance de n’être éloigné de la France que pour trois années. Nous sommes bien près, aujourd’hui, d’en être privés comme d’une personne dont on porte le deuil.

Chateaubriand, dans René, exalte l’amour de la terre qui l’a vu naître, qu’il mêle aux souvenirs de l’enfance : « Les dimanches et jours de fête, j’ai souvent entendu, dans les grands bois, à travers les arbres, les sons de la cloche lointaine qui appelait au temple l’homme des champs… Tout se trouve dans les rêveries enchantées où nous plonge le bruit de la cloche natale : religion, famille, patrie, et le berceau et la tombe, et le passé et l’avenir… »

Qui ne se souvient de ce cri d’amour de Victor Hugo à la fin de son poème « A la France » :

« Ah ! Je voudrais n’être pas français pour pouvoir dire

Que je te choisis, France, et que, dans ton martyre,

Je te proclame, toi que ronge le vautour,

Ma patrie et ma gloire et mon unique amour ! »

Charles Péguy, dans son recueil La France libre, célèbre l’amour de notre patrie :

« C’est cet amour profond que la Patrie inspire

Qui sur soi pour longtemps assied un vaste empire…

Français, notre salut n’a point d’autre espérance,

Français, nous périssons si vous n’aimez la France.

O chose sinistre, quand un Peuple s’abandonne et est indifférent à la chose publique !

O honte, ô douleur, quand il admire follement ses ennemis

Et se méprise lui-même et se prosterne à leurs pieds !… »

Charles de Gaulle, dans Mémoires de guerre, évoque avec grandeur l’âme profonde de la patrie :

« Vieille terre, rongée par les âges, rabotée de pluies et de tempêtes, épuisée de végétation, mais prête, indéfiniment, à produire ce qu’il faut pour que se succèdent les vivants !

Vieille France, accablée d’Histoire, meurtrie de guerres et de révolutions, allant et venant sans relâche de la grandeur au déclin, mais redressée, de siècle en siècle, par le génie du renouveau ! »

Je lisais, ajouté à la main sur un tract syndical placardé dans un hôpital où j’étais allé voir un ami souffrant, cette ignoble phrase qui suffit à elle-même à mesurer la distance de notre passé d’avec notre présent : « France, je te b… jusqu’à ce que tu m’aimes ». Français, vous êtes prévenus.

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