Election présidentielle : le piège de 2007

Des métèques qui aiment le fric et les femmes

Aux élections, c'est comme dans la vie : il y a les apparences et la réalité. L'apparence, c'est que la gauche et la droite sont des adversaires irréconciliables. La réalité est plus nuancée. On apprend que Nicolas Sarkozy et Dominique Strauss-Kahn, qui devaient s'affronter à la présidentielle, étaient amis de longue date. Selon Le Monde (10 décembre 2011), le chef de l'Etat, qui recevait naguère le directeur général du FMI à l'Elysée, lui a fait cette noble déclaration : « Dominique, toi et moi, on ne nous aime pas, on est pareils, on est des métèques, on aime le fric et les femmes. » Et c'est bien vrai qu'ils étaient pareils, et pas seulement pour les origines et les goûts. Nous avons maintes fois démontré dans ces colonnes, entre 2002 et 2007, que le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, était plus à gauche que la gauche en matière d'immigration. Il est resté fidèle à lui-même en devenant président de la République.

Piqûre de rappel pour ceux qui auraient des doutes : qui a pris l'incroyable décision d'instituer le droit de séjour perpétuel en France pour les criminels étrangers ? Ce n'est pas Lionel Jospin ni son ministre Daniel Vaillant, lequel avait vaillamment résisté à cette revendication de l'extrême gauche, c'est Sarkozy lui-même, dès 2002, sous prétexte de supprimer la prétendue « double peine » que constituerait l'expulsion.

 

Sarkozy pour le droit de vote des immigrés

Oui, me direz-vous, mais il y a le droit de vote des étrangers : sur ce point le clivage est net entre le PS et l'UMP ! Voire. Il est vrai que François Fillon a eu de fortes paroles au Sénat, accusant les socialistes de « saper un des fondements de notre république ». Mais il y a un double hic. Primo, la (fausse) droite que constitue l'UMP a été d'accord avec la (vraie) gauche pour donner le droit de vote aux étrangers européens dès 1992 ; or, qu'il s'agisse d'un Européen ou d'un Africain, le scandale constitutionnel est le même. Secundo, le rapporteur socialiste a eu beau jeu de rétorquer, sous les huées des sénateurs UMP : « J'avoue ne pas être outrageusement choqué par la perspective de voir des étrangers, y compris non communautaires, voter pour les scrutins cantonaux et municipaux. » Il a cloué le bec à ses contradicteurs en précisant aussitôt qu'il n'avait fait que citer Nicolas Sarkozy, car celui-ci, jusqu'à une date toute récente, n'avait cessé d'affirmer un soutien indéfectible au vote des immigrés.

Les mirages d'une fausse alternance

Mais l'élection présidentielle approche et il faut persuader les gens de droite qu'il y a des différences substantielles entre le PS et l'UMP. Les deux partenaires-adversaires trouvent leur compte à ces faux-semblants, car ils sont tous dévoués, l'un comme l'autre, aux intérêts de la super-classe mondiale (SCM) et s'emploient en conséquence à piper les dés de la démocratie élective selon deux procédés éprouvés : d'une part, faire miroiter les mirages d'une fausse alternance entre les deux partis-clones ; d'autre part, exclure du débat en la diabolisant la droite populiste, au premier chef le Front national, qui ose contester les dogmes de la mondialisation et de l'immigration chers à la SCM. Le piège a parfaitement fonctionné en 2007, quand tant d'électeurs de droite ont naïvement supposé que Sarkozy partageait leur foi dans la France. Va-t-il encore fonctionner en 2012 ?

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