Les yeux ouverts

Les yeux ouverts Voici le premier d'une série d'articles que René Marchand, auteur du livre "La France en danger d'Islam" a accepté d'écrire pour le site Internet de Voix des Français.

Non, l'islam n'est pas "la deuxième religion de France"

Par René Marchand
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Toutes les déficiences de la France face à l'islam qui a pris ses quartiers chez nous, tous nos reculs et nos échecs dans la guerre subversive que mènent contre nous ceux que nous nommons les islamistes, trouvent leur origine dans une mauvaise définition de l'islam, dont nous ne sommes jamais sortis depuis les temps de la colonisation. L'islam serait purement et simplement une " religion ", " la deuxième religion de France ". N'ayant jamais pris la peine de l'étudier, nous l'assimilons au christianisme contemporain. Nous en faisons une foi, qui ne concerne que la sphère privée de chaque personne, relève de la liberté individuelle, est hors du champ de la vie politique, un choix de conscience qui mérite le respect et, à ce titre, doit être protégé par la loi. Or, cette définition est fausse : la " religion " islamique déborde largement de la conscience individuelle ; l'islam a compétence dans le politique, le droit public, le droit privé… Il s'agit de quelque chose qui n'a pas d'équivalent en Occident : un ensemble insécable religion-droit-culture-civilisation-communauté-identité.

Ecoutons l'actuel président du Conseil français du culte musulman, le recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur (1) : "L'islam est à la fois une religion, une communauté, une loi et une civilisation. […] Ne sont pas seulement musulmans ceux qui pratiquent les cinq piliers de l'islam, mais tous ceux qui appartiennent à cet ensemble identitaire."

Le recteur, qui se déclare partisan d'un islam modéré, respectueux des lois de la République, que tous nos ministres de l'Intérieur ont choisi pour être " la clef de voûte de l'islam à la française ", ne présente pas l'islam comme une religion de la sphère privée. Sa définition est exactement celle que pourrait donner un fondamentaliste, un intégriste, un islamiste et, dans cette ligne, il délimite les assujettis au Conseil qu'il préside exactement comme le feraient les pires ennemis de la démocratie, de la France, de l'Occident au sein du monde musulman. Il pose en principe l'existence en France d'une communauté dont l'identité, les valeurs de civilisation et la loi ne sont pas celles de la République. Il aurait pu ajouter que, selon la loi de cet ensemble, l'identité musulmane a prévalence sur toute autre appartenance : nation, famille, tribu, dynastie, parti…, qu'un musulman ne tient comme légitime que la loi musulmane et que, selon les écoles juridiques musulmanes, dont la sienne (le malikisme) n'est pas la moins rigoureuse, la renonciation à cet ensemble identité-religion-communauté-loi-civilisation (l'apostasie) doit être punie de mort.
Il n'est donc pas étonnant que le Conseil français du culte musulman, élu par un peu plus de quatre mille individus, se soit immédiatement exprimé sans hésitation aucune au nom de six millions d'immigrés " d'origine musulmane "..
Il n'est pas surprenant non plus que le pouvoir ait été pris au sein du Conseil par les intégristes les plus sectaires, les Frères musulmans de l'UOIF. Avec sa définition de l'islam, le " modéré " leur ouvrait un boulevard, dans lequel ils se sont engouffrés.

Mais Boubakeur pouvait-il donner une autre définition de l'islam ? L'islam est bien tel qu'il l'a défini. Il n'y a que des Français, ethnocentristes, ignorants et gogos, pour voir dans l'islam seulement une " religion ". L'ennui est que de tels Français sont au pouvoir, font les lois et les appliquent.
A commencer par nos ministres de l'Intérieur.
Nicolas Sarkozy ne s'est-il pas vanté d'avoir nommé un préfet d'origine musulmane ? Il a cru peut-être qu'il distinguait un homme en fonction de sa foi - ce qui, déjà, était contraire aux principes et aux traditions de la République (La France n'est ni le Liban ni l'Empire austro-hongrois). En réalité, il affectait à un poste de haute responsabilité dans la République un homme en raison de son appartenance à une communauté, qui a une identité et une loi, différentes de celles de la République, qui a vocation à intervenir en tout domaine : religieux, mais aussi politique, privé ou public, en fonction de ses codes et valeurs propres.
Comment pourrions-nous avoir une politique pertinente à l'égard des " musulmans d'origine " présents en France ainsi que vis-à-vis des pays musulmans dans le monde si nous pensons et agissons à partir d'une vision erronée de l'islam ? En réduisant l'islam à une religion selon nos définitions : une foi de la sphère privée, en en niant les dimensions identitaires, communautaires, politiques, juridiques…, nous nous condamnons à perdre les combats que nos adversaires parmi les musulmans ont déjà engagés ou engageront demain sur les terrains de l'islam que nous refusons de prendre en compte.

(1) Le Figaro Magazine. Samedi 29 juin 2002.

René Marchand

 

L'offensive des islamistes en Europe

Par René Marchand
(mis en ligne le 28/03/2005)
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Dans nos journaux audiovisuels, les actes de guerre en Irak et en Palestine et les actions terroristes ici et là sont traités abondamment plusieurs fois par jour. Mais il n'est jamais question d'un autre affrontement dans lequel l'Islam et l'Occident sont impliqués : l'offensive des islamistes contre l'Europe. Un conflit dans lequel la France est le principal champ de bataille. Comme si une guerre "ouverte", qui fournit des images spectaculaires, cachait une autre guerre, celle-ci subversive, clandestine, invisible parce que sans images, autant dire inexistante. Il est vrai que le sujet, qui touche à l'immigration, est tabou et qu'il n'est pas plus abordé dans la grande presse écrite, au conseil des ministres, à la tribune des assemblées parlementaires ou lors des campagnes électorales. Or, dans cette guerre, nos ennemis - ceux que nous nommons "les islamistes" - ne cessent de remporter des victoires à l'intérieur de nos frontières.
Pour apprécier avancées et reculs des deux parties, nous pouvons nous référer à la stratégie de nos adversaires. (Nous ne pouvons nous reporter à notre stratégie : nous n'en avons pas !)

Premier objectif des islamistes pour l'islamisation de la France : favoriser l'immigration définitive du plus grand nombre de Musulmans dans l'hexagone.
Les chiffres que nous dispensent avec parcimonie et, souvent, avec malhonnêteté les services officiels ne peuvent cacher que le flux d'immigration à partir de pays musulmans ne diminue pas : les clandestins sont au moins aussi nombreux que dans les années 80 et 90 et ils ne sont toujours pas expulsés ; le droit d'asile est une voie d'entrée désormais quasiment reconnue et de plus en plus utilisée ; la fabrication de faux papiers : passeports, cartes de séjour, contrats de travail… est devenue, avec l'ordinateur, une industrie florissante ; les "pompes aspirantes" traditionnelles : indemnités de chômages, RMI, allocations familiales, logements sociaux… se sont agrémentés de la Contribution médicale universelle et de l'Aide médicale d'Etat... Les perspectives démographiques sont nettes : sauf coup de barre à 180 degrés, la France risque d'être peuplée pour moitié, sinon plus, de Musulmans à la fin du siècle. Les islamistes continuent leur percée sur un axe essentiel, vital : la démographie.

Deuxième objectif : habituer les Français au "fait musulman" et réislamiser les immigrés tièdes ou indifférents.
- Le voile. Nicolas Sarkozy, ministre de l'Intérieur, avait cru bon, avant de proposer un projet de loi aux élus de la République, de consulter une autorité étrangère (passons sur ce comportement sans précédent !). Il était allé au Caire rencontrer le cheikh Tantaoui, nommé à la tête de la mosquée-université du Caire, al-Azhar, par le président égyptien, Hosni Moubarak, pour en écarter les extrémistes. Le religieux avait rappelé au ministre français le droit musulman : Un Musulman séjournant hors de "la Maison de l'islam" n'a pas à faire étalage de sa foi. Il lui est même conseillé de la dissimuler. Les dirigeants des pays infidèles sont, évidemment, libres de leurs lois et le Musulman ne doit pas, par simple prudence ou bon sens, s'opposer à ces lois. Nos dirigeants pouvaient donc, sans qu'aucun musulman soit autorisé par le droit musulman à se dire brimé dans sa croyance ou ses pratiques, interdire le voile chez nous, en tous lieux. Au lieu de ça, nous eûmes une loi frileuse, hypocrite, minable, ne s'appliquant qu'aux écoles et jusqu'au baccalauréat seulement. Nos ministres, parlementaires, conseillers divers pensent-ils qu'ils ont œuvré pour l'intégration des musulmans dans la République ? Pensent-ils que les milliers de femmes qui, maintenant, arborent dans tous nos lieux publics le voile, signe d'appartenance politique au moins autant que religieuse, "drapeau des islamistes" (l'Iranienne Chahdortt Djavann), sont en voie "d'intégration" dans notre culture ?
- Les prénoms. Jadis, un immigré qui s'installait à demeure chez nous choisissait pour lui et sa famille l'assimilation au pays d'accueil. Pour que ses enfants fussent des Français "comme les autres", il leur donnait un prénom "français". Cf. Isabelle Adjani, Marcel Mouloudji… (Le prénom est le signe le plus fort et le plus directement évident de l'appartenance : le premier acte d'un nouveau musulman n'est-il pas de se choisir un "prénom" à contenu religieux ?) Aujourd'hui, la pression des religieux sur les immigrés est telle que, si l'on en juge par le carnet Naissances de nos quotidiens, bien rares sont ceux qui osent donner à leurs enfants un prénom "d'infidèle" (et il faut tenir compte des prénoms musulmans cachés sous des prénoms faisant référence à Dieu, selon les pratiques de la dissimulation religieuse autorisée - la taqiyya). Les enfants de nos immigrés sont ainsi tatoués dès leur naissance comme Musulmans - et l'on sait qu'il est interdit à un Musulman de sortir de sa "religion", d'élever ses enfants hors de cette "religion" : c'est là le crime "d'apostasie", punissable de la mort. Encore une bataille perdue, et celle-là sans même que nous nous en soyons aperçus.
- D'autres batailles, en cours, sont bien mal parties pour notre camp : la polygamie, l'excision et l'infibulation, les mariages forcés, le "châtiment" des filles… Ce ne sont pas quelques femmes courageuses, aussi médiatisées seraient-elles, assistées d'une poignée d'hommes, qui feront le poids face aux islamistes. Il y faudrait, de la part des autorités françaises, des lois et de la force.

Troisième objectif : constituer des zones de peuplement majoritairement musulman, faire reconnaître l'existence d'une "communauté" musulmane ayant ses "particularismes" (demain, ses lois) et, ainsi, préparer la libanisation de la France avant sa conquête complète (au siècle prochain ou même avant). - Nous ne faisons rien pour mettre fin aux quartiers "interdits" : plusieurs centaines (le ministère de l'Intérieur semble avoir renoncé à les compter). Dans ces zones, dites jadis "de non-droit", maintenant apppelées pudiquement "sensibles", il est de notoriété publique que la loi est faite par les religieux et les caïds de droit commun, parfois liés les uns aux autres. Les pétrodollars et l'argent de la drogue s'y déversent. Tout le monde sait que de plus en plus d'élus locaux traitent avec des religieux, souvent étrangers, pour, en échange d'un terrain pour une mosquée, une subvention à une association…, obtenir la fin des "incivilités" et l'espoir de quelques voix aux élections.
- L'islam a désormais son Conseil du culte. Ses membres, désignés par quatre mille personnes, se sont arrogé immédiatement le droit de parler au nom de 6 millions d'immigrés, croyants ou incroyants, dont le trait commun est d'être originaire d'un pays dit musulman. Ce "machin" a été pris en mains par les plus radicaux, dont, sous le masque, des Frères musulmans - lesquels Frères musulmans ne sont considérés comme des interlocuteurs valables par les pouvoirs publics que dans un seul pays : le nôtre.
- En claironnant à la télévision qu'il nommait un préfet "d'origine musulmane", le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy n'a-t-il pas constitué lui-même une "communauté" musulmane, c'est-à-dire une communauté ayant une identité, non seulement culturelle, mais aussi religieuse, politique, juridique (l'islam, c'est tout ça) ? Tant de batailles perdues alors que nous ne voulons même pas reconnaître que les islamistes nous font la guerre.

P.S. : Les "islamistes" partis à la conquête de la France ont cependant connu une défaite. En mars 2003, les Corses ont refusé par référendum la possibilité d'adapter la loi française à leurs particularismes. MM. Raffarin et Sarkozy offraient à trois cent mille Corses ce qui, demain, n'aurait pu être refusé à six millions de Musulmans. Nous l'avons échappé belle : la République autorisant la mise en place progressive, en toute légalité, de la Loi musulmane, la sharî'a, dans la "communauté" musulmane installée en France !

" Culte musulman ", " séminaires ", " aumôniers " :
Comment les autorités françaises se font piéger par les mots

Par René Marchand
(article mis en ligne le 30 juin 2005)
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Des millions d'Arabes connaissent le français. Quelques centaines seulement de Français "de souche" parlent et écrivent l'arabe. Ce "déséquilibre" (le terme est bien faible !) est d'autant plus grave que les deux langues appartiennent à des systèmes : l'indo-européen et le sémitique, profondément différents, où les structures grammaticales et les mots ne superposent pas pièce à pièce, et que l'islam et la civilisation occidentale sont nés et se sont développés sur des concepts très éloignés. Aussi n'est-il pas étonnant que, dans la masse de ceux qui "savent tout de nous alors que nous ne savons rien d'eux", certains, qui se veulent en guerre contre nous, réussissent à nous berner avec des mots qui n'ont pas le même sens ou la même résonance dans les deux cultures. Ainsi :
"Conseil français du culte musulman". Nos ministres de l'Intérieur, chargés des cultes, n'ont pas vu malice dans la dénomination. Peut-être même a-t-elle été trouvée par un des conseillers de la place Beauvau. Culte (du latin colere : adorer) est apparu au 16e siècle, en pleine Réforme (première attestation : 1570) pour signifier l'hommage qu'on rend à un dieu par des actes et, plus précisément, les manifestations extérieures, les cérémonies, d'une religion. Le mot est devenu d'usage courant dans les différentes variétés du christianisme ; son sens est bien cerné, précis, sans ambiguïté. En islam, qu'en est-il ? Les universitaires suggèrent de traduire culte par ibâdât, les "actes d'adoration", que, dans certains traités de droit musulman, on oppose aux "pratiques sociales" (mu'ämalât). Mais cela n'est que distingo d'érudits : la notion de culte, telle que nous l'entendons, n'a jamais eu de réalité en islam. Je me suis référé à un traité classique de droit musulman de l'école malékite (l'école à laquelle se rattachent nos "représentants" de l'islam en France) : al-Risâla, d'al-Qayrawânî, qui a été édité avec une traduction en français en regard du texte arabe et deux index des termes de base en fin de volume. Dans l'index des mots arabes, qui compte plus de quatre cents entrées, le mot ibâdât ne figure pas : c'est dire s'il est d'un usage commun et si son sens est connu de tous et reconnu par tous ! Dans l'index des mots français, avec plus de mille entrées de abdomen à yeux, pas de culte. Alors, sous le mot culte, que peut mettre un musulman ? Rien moins que tout l'islam, qui ne distingue pas religion et droit, religieux et politique, sacré et profane, public et privé, qui régente entièrement la vie des individus. Les journaux et les médias audiovisuels arabes du Proche et Moyen-Orient n'utilisent pas des termes savants incompris de leur public. Ils traduisent notre "CFCM" par : "le Conseil français pour la religion musulmane", "… pour l'islam". L'islam où ce que nous nommons religion, politique, droit public, droit privé… ne sont pas dissociés. Est-il meilleure preuve que nous avons institué au sein de la République un organisme de droit étranger qui, selon son droit propre, est légitimement autorisé à revendiquer une compétence d'autorité en tous domaines sur une partie de la population de notre pays ? (Un droit - mais ceci est une autre question - totalement incompatible avec le nôtre.)

Les "représentants" de la "communauté" musulmane demandent des séminaires pour former des imams capables d'enseigner "un islam compatible avec nos valeurs". A les en croire, les appels à la violence qu'on entend dans les mosquées de France seraient dus à "l'ignorance d'imams étrangers", autoproclamés et mal formés. C'est supposer que ces imams sont ignorants de notre droit et de nos coutumes comme nous le sommes des leurs, qu'ils ne savent pas que la polygamie, ou la violence conjugale, ou l'antijudaïsme… n'entrent pas dans nos valeurs. Nos ministres relaient la réclamation auprès de l'opinion publique - sans se demander s'il existe vraiment un islam compatible avec les lois et coutumes de la République, si, un jour, il pourra en exister un. L'institut de la Nièvre, né de l'argent saoudien, où sont formés des imams "à la française", enseigne-t-il un islam différent de celui de l'imam de Vénissieux, expulsé pour ses propos " susceptibles de troubler l'ordre public " ? A Dominique de Villepin, qui a mis ses pas dans ceux de tous ses prédécesseurs à l'Intérieur pour courir derrière un islam inexistant, je signale qu'il n'y eut jamais de séminaires dans la civilisation islamique, que le mot séminaire est inconnu en arabe.

On nous réclame aussi davantage d'aumôniers dans nos prisons. Le mot remonte au 11e siècle (du grec eleêmosunê : "compassion", via le latin d'Eglise). Qui vit jamais de tels hommes de compassion dans les geôles des pays d'islam ? La fonction n'existe pas et le mot non plus.
Doutant de mes connaissances, j'ai pris contact avec un de nos meilleurs universitaires arabisants et avec un ami proche-oriental très cultivé, parfaitement bilingue. Comment traduiraient-ils le mot français ? L'un et l'autre m'ont proposé, outre le passe-partout imâm (celui qui est devant les autres, pour les prières… et plus : le "chef" d'une collectivité), des termes dont le sens premier est "orienteur" (murshid) ou "celui qui appelle, prédicateur, propagandiste", quasiment "recruteur" (dâ'î). Eclairant, n'est-ce pas ?
Nous avons donc laissé pénétrer dans nos prisons, non pas des Vincent de Paul animés par la pure charité, mais des petits chefs, des orienteurs, des propagandistes et recruteurs. Et nous devrions en accepter davantage, évidemment formés, aux frais des contribuables français, dans des… "séminaires" gérés par le Conseil du "culte" musulman.

René Marchand

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