Vive la droite populiste !

Du poujadisme au Front national    
Le populisme a mauvaise presse, surtout quand il est de droite. Ce terme ambigu est tout d'abord une catégorie politologique et ne devrait pas impliquer de jugement de valeur. Mais il devient rapidement un objet d'exécration. A bas le populisme ! C'est le refrain qu'entonnent tour à tour les penseurs, les politiques, les commentateurs. Songez ! Les populistes sont contre l'Europe, contre l'immigration, contre les impôts. Le plus emblématique des mouvements populistes français est né aux élections législatives de 1956, avec Pierre Poujade et - déjà ! - Jean-Marie Le Pen. Réaction des petites gens contre le fiscalisme, le poujadisme était également nationaliste et militait pour l'Algérie française. Cinquante-quatre ans plus tard, M. Le Pen est toujours là, à la tête du Front national, à la veille de passer la main. Comme l'UDCA - union de défense des commerçants et artisans - de Pierre Poujade, le Front national, sous l'autorité de son chef charismatique, est resté longtemps dans la logique nationale-libérale.

Liberté et identité
En effet, les populistes ont deux grands principes à défendre face à l'oligarchie : le premier est la liberté, car l'immense majorité des Français de souche sont perdants dans le jeu de l'Etat-providence qui déshabille Pierre pour habiller Paul (et souvent Mohamed) ; le second est l'identité, car les gens modestes sont les premières victimes de l'immigration.
Il y a des populismes de gauche, mais on ne les trouve aujourd'hui que dans les pays du tiers monde. Tous les mouvements populistes d'Europe occidentale sont à la fois libéraux en économie, car ils veulent moins d'Etat et moins d'impôts, et identitaires pour les questions de société. C'est frappant pour ceux qui ont le mieux réussi : la Ligue du Nord, en Italie, et l'UDC, en Suisse. L'UDC tangente 30 % des voix et elle est parvenue, dans deux votations triomphales, à interdire les minarets et à rendre obligatoire l'expulsion des délinquants étrangers.
De même, aux Etats-Unis, le mouvement dit de la "Partie de thé" rassemble les "economic conservatives" (les libéraux au sens français du terme) et les "social conservatives" (les traditionalistes).

Les peuples contre la super-classe mondiale
Pourquoi cet accord presque parfait entre la liberté et l'identité ? Pour des raisons métapolitiques profondes, mais aussi parce que le populisme est, dans chaque pays, la réaction contre une oligarchie coupée du peuple, et, dans tous les pays, contre la super-classe mondiale qui domine la planète et dont les oligarchies "nationales" sont en quelque sorte des sections. Les peuples contre la super-classe mondiale : telle est la lutte titanesque qui est appelée à se développer au cours du XXIe siècle.
En France, après l'effacement du MNR, du MPF et de Chasse, pêche, nature, traditions, il ne reste plus que le Front national ("Debout la République", le parti de Nicolas Dupont-Aignan, est trop exclusivement "souverainiste" pour être vraiment populiste et le Bloc identitaire n'a pas percé aux élections). Ce serait un drame que ce parti cède aux sirènes socialisantes qui cherchent à l'entraîner dans une voie sans issue : elles ne peuvent que détourner de lui les électeurs de l'UMP qu'il pourrait séduire, tandis qu'il n'a aucune chance d'attirer les électeurs de gauche, car le "gaucho-lepénisme" est un leurre.


Henry de Lesquen, président de Voix des Français

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